Le tour de la Beauce
Je cherchais quelques idées de randonnées sur les sites de club cycliste de ma région, et je suis tombé sur une description très sommaire d'un circuit des Moulins, ce fut le point de départ de ce petit projet.
Tout restait à faire, dont la recherche de ces fameux moulins.
Mon outil de travail principal est OpenRunner, avec la possibilité de choisir la carte IGN, la carte routière par excellence au 100.000 millième, en zoomant j'accède à la carte au 25.000 millième et en jonglant avec les cartes CycleMap et StreetMap, cela me permet de construire mon itinéraire avec précision, un peu de Google Map et Street View pour parfaire le topo.
Le parcours est taillé pour une durée de 3 jours avec des étapes inférieures à 100km, avec peu de dénivelé, et fait le tour de la Beauce, en passant par la vallée de l'Essonne, la traversée de la Beauce avec ses moulins et ses éoliennes, Chartres et sa Cathédrale, et retour.
Courant Mai, je suis prêt ... mais il pleut ... j'attends ... fin Mai il pleut encore plus, 3 jours sans discontinuer, s'en suivent d'importantes inondations dans toute la région ... j'attendrai encore pour partir ... une fenêtre météo enfin ! ... je pars le 22 Juin ... au moins j'aurais eu le temps de me préparer !
1 er Etape : Bures sur Yvette - Pithiviers par la vallée de l'Essonne - 100 km
Oui, enfin je peux partir, les évènements familiaux et la météo sont favorables, l'idéal ! Une dernière
inspection de la machine, une dernier coup de pompe à 5,5 bars, les sacoches bien arrimées, j'ai vérifié, environ 14 kg de bagages boisson comprise, c'est tout bon, ya ka !
Mon enthousiasme est vite tempéré par la circulation du matin, il me faut m'extirper de la région parisienne, même si j'ai opté pour des petites routes, ce n'est guère mieux que les voies rapides, il me faudra atteindre La Ferté-Alais pour enfin trouver la tranquillité.
J'aime bien partir ainsi, avec le minimum, juste le strict nécéssaire, plus de télé ni de radio, je quitte la civilisation pour un monde plus simple, sans pétrole, mais à la force des mollets, je fais un effort, je lutte contre le vent, le soleil, la pluie, la fatigue, je me purifie, j'entre dans un autre monde, pour mieux voir le monde dans lequel je vis.
Me vient à l'esprit la situation des SDF, eux n'ont pas choisi de vivre dehors, moi je le fais quelques jours par plaisir, eux c'est toute l'année et contraints.
En passant devant la gare, deux mémés qui attendent le bus me regardent avec étonnement et hilarité, au moins j'aurais égayé leur journée, une BA facile à réaliser !
C'est un jour de chaleur, l'ombre est la bienvenue lors des arrêts, il souffle un petit vent de sud bien chaud, heureusement de face pour me rafraîchir comme il faut, malheureusement de face pour me ralentir un peu.
Je pédale mécaniquement, sans y réfléchir, le vélo semble avancer tout seul, le paysage défile, la douce chaleur m'alanguit, mon esprit est libre ... et je repense à cette famille de Syriens croisé à la sortie du supermarché avec une pancarte "Aidez moi", je leur ai donné un billet, ils étaient jeunes, beaux, avec deux enfants, l'air grave ... et moi qui passe mon temps à pédaler pour mon plaisir ... à mon retour, il va falloir que je fasse un peu plus pour ces réfugiés.
Du coté de la Ferté-Alais une piste cyclable sur quelques km, toujours appréciable pour rouler en sécurité.
C'est la vallée de l'Essonne, avec ces petits villages tout en longueur, tantôt tristounets, tantôt tout en beauté.
C'est pas tout, mais les km ça creuse, à Boutigny-sur-Essonne il y a de beaux arbres à coté de l'église pour une ombre indispensable aujourd'hui, mais un seul banc au bord de la rue et en plein soleil ...
Je me suis préparé une bonne salade avec des pâtes, du surimi, tomates, riz, laitue, pommes de terre, du pain complet bio, bref un régal, surtout quand on a faim !
Petit arrêt au Moulin Neuf près de Maisse.
Je m'égare quelques km, et m'en aperçois un peu tard après une belle montée ... pour rien, qu'il me faut redescendre aussitôt ! Eh oui, je n'ai pas le GPS sous le nez comme dans une voiture, je ne le consulte que si j'ai un doute, dorénavant je vérifierai plus souvent !
Il fait vraiment chaud, par moment le soleil tape dur, je me rajoute une deuxième couche de crème solaire, j'ai l'air d'un clown après son maquillage. Je m'arrêterais bien dans un café, mais cela devient une denrée rare dans nos campagnes, seulement des devantures fermées, nos villages sont bien vides.
Boutique des années 60
A Aulnay-la-Rivière, je cherche un peu d'ombre sur la place du village, une place dédiée à la voiture, bien bitumée jusqu'au pied de l'église, des arbres taillés bien ras, et d'anciennes boutiques fermées depuis longtemps ... c'est sûr, ça manque de charme !
En sortie de ville, une belle demeure très bien entretenue tranche avec la pauvreté du village, comme si tout l'argent du village était parti à coté, au château. C'est l'occasion de réfléchir sur la "richesse", et la "pauvreté" ... l'un est il responsable de l'autre ? Pourquoi ces inégalités ? L'actualité régulièrement se fait l'écho de personnages profitant de primes et revenus astronomiques, quelle éthique? quelle justice ? Je poursuis ma route avec ces questionnements, inquiet de ces inégalités qui ne cessent de se creuser, et qui risquent un jour d'être à l'origine de guerres et de révolutions.
Enfin Pithiviers avec 104 km au compteur, pour moi c'est un bel exploit ! J'arrive au camping, le responsable est là, il s'excuse de l'état de son bureau, le camping a été inondé, noyé sous un mètre d'eau ! Il me montre quelques photos de la catastrophe, paysages de désolation. Depuis il ne chôme pas pour remettre son petit camping en service ... les sanitaires fonctionnent, c'est déjà ça !
Je me restaure en ville, dans un excellent restaurant Vietnamien, le patron à repéré mon vélo et me questionne sur mon drôle d'engin.
Au camping, il n'y a quasiment personne, sauf un petit groupe de jeunes dans un bungalow, qui je suppose doivent résider ici, ils parlent fort, rigolent, et semble avoir besoin d'un niveau sonore important pour exister. A la tombée de la nuit je me sens obligé de déménager sur un autre emplacement un peu plus loin. Bizarrement, ce camping m'a paru très bruyant, pourtant en pleine nature, mais avec les bruits des voitures dans le lointain, de motos au moteur de formule 1, des hélicoptères à proximité, et même les avions à 10.000 m d'altitude donnaient l'impression d'entrer en résonnance ...
2 ieme Etape : Pithiviers à Chartres par la Beauce - 90 km
Voici donc l'étape la plus intéressante de ce parcours. A 9 h du matin il fait déjà bien chaud, heureusement cette fois ci j'aurais le vent et le soleil dans le dos, par contre, rouler ainsi à la même vitesse que le vent, il n'y a plus d'air pour refroidir le moteur, il me faut rouler plus vite, soit au moins à 25 km/h pour avoir un peu d'air.
En chemin, petit panneau surprise, je reste sidéré devant une telle imposture.
Heureusement, il y a d'autres ouvrages en bords de route, plus artistiques et plus mystiques, qui élèvent l'esprit plus qu'il ne le rabaissent.
La Beauce, c'est le plat pays, alors tout ce qui est haut, tout ce qui dépasse se voit de très loin comme un phare en bord de mer.
L'énergie du vent fut utilisé depuis longtemps avec les moulins à vent, il en reste quelques uns patiemment remis en état par des associations ou des collectivités. Autrefois, avant l'arrivée de la machine à vapeur, il y avait des moulins à vent de partout.
Voici celui de Ymonville, superbe moulin bâti sur une base en pierre,
Un peu plus loin le moulin de Moutiers en bord de route,
Je suis impressionné par ces moulins, la totalité de la bâtisse tourne pour s'orienter en fonction de la direction du vent, 50 tonnes à faire pivoter ! Je suis habitué aux moulins du sud de la France, ici la technique de construction est radicalement différente.
Aujourd'hui la chaleur est intense, il me faut trouver un endroit au frais pour le pique-nique. A Louville-la-Chenard, une place très ombragée me semble parfaite, mais point de banc pour me reposer, ou alors un peu plus loin au bord d'un espace ressemblant à un terrain de boule, l'endroit à été manifestement arrosé aux pesticides, et est bien triste, c'est qu'ici en Beauce, les pesticides coulent dans les veines des agriculteurs ... encore un sujet de réflexion, l'agriculture chimique, mais dans mon esprit c'est tout vu, si on continue comme ça, on en crèvera tous !
En repartant, je m'aperçois que j'ai loupé l'embranchement pour le moulin de Levesville ... tant pis je n'ai pas le courage de rajouter 10 km au parcours avec cette chaleur. C'est à Ouarville que ce situe le troisième moulin, splendide, bien restauré et accessible à tous.
J'ai bien flâné, il me reste encore quelques kilomètres sous la chaleur, route un peu monotone mais par moment très roulante ... je file entre 28-29 km/h sans forcer pendant des kilomètres, avec tout de même un petit vent dans le dos.
Je m'arrête dans un bistrot, si si j'en ai trouvé un à l'approche de Chartres, pour boire un diabolo menthe .... la patronne me sert un diabolo grenadine ... euh ? mais ? ben oui c'est bien ce que j'avais commandé, signe que je commence à fatiguer !
Et puis Chartres, ses ronds-points, ses voitures, il faut se battre pour se faire une place, il n'y a pas que des anges ici. Je cherche l'entrée du camping, il est là, tout prêt ... je demande à deux ados qui passaient, ils ignorent complètement la présence du camping, heureusement le passant suivant me montre l'entrée de l'autre côté de la route.
Ici, le camping est vaste, il y a même un peu de monde, c'est sûr, Chartres a plus d'atouts touristiques que Pithiviers. Je plante ma tente non loin d'un confrère vélocouchiste qui randonne comme moi.
Un troisième randonneur cycliste se joint à la conversation, ce dernier aime bien parler, c'est un dur à cuire, roule par tous les temps, et a une bonne connaissance des voies cyclables françaises, il les a toutes faites ! Je constate que mes deux compères sont bien plus chargés que moi, mais il est vrai qu'ils partent pour plus longtemps. Le temps passe vite, trop tard pour la visite de la Cathédrale ...
3 ieme Etape : Chartres - Bures sur Yvette - 78 km
Pendant la nuit, le vent a soufflé, mais heureusement les orages sont passés ailleurs. Au matin le temps est gris. Je plies petit à petit mes affaires, sans me presser, aujourd'hui j'ai tout mon temps, l'étape n'est pas trop longue et je rentre à la maison. Je passe à l'accueil pour acheter quelques viennoiseries, mais pas de chance il fallait les avoir commandé la veille ... je me contenterai de quelques restes et barres Isostar pour mon petit-déjeuner. Mes collègues cyclistes sont là, et la conversation reprend, les échanges de bons procédés, de circuits, d'idées en tout genre et mon ami n'est pas à court après plusieurs années à bourlinguer sur les routes et les voies vertes de France et de Navarre.
Mais voilà il faut que je m'en aille, je finis les derniers rangements, enfile ma tenue cycliste encore bien humide (je l'ai lavée en prenant ma douche hier soir), douce sensation de fraîcheur, mais ce matin il fait déjà frais naturellement, il me faudra rajouter une couche.
Passage dans Chartres, dans les vieux quartiers des bords de l'Eure, qui ont gardé le charme du moyen âge, comme les rues pavées qui me se_e_e_e_couent comme un prunier.
Il existe la voie verte intitulée Véloscénie qui me permettrait de rentrer chez moi, mais j'ai préféré organiser mon propre trajet mieux adapté à mon vélo.
Quelques grimpettes pour sortir de la vallée de l'Eure, dont une assez raide, étroite, avec un panneau de priorité et un virage serré entouré de murs de béton, je préfère passer à pied !
A nouveau les paysages dégagés de la Beauce, les grands espaces, et les blés qui commencent à prendre de belles couleurs.
A Galardon, je m'arrête à la boulangerie pour acheter mon casse-croute du midi. Le village est construit à flanc de colline, et là aussi une côte très raide, je n'insiste pas et la passe à pied.
Plus loin je choisi la D176 pour rejoindre Rambouillet, mais ce choix est peu judicieux, des camions y roulent aussi, je me sens comme un moustique bon à être écraser par ces monstres ...
Arrêt à Orphin pour mon casse-croûte, sur un banc à l'ombre, près du Monument aux Morts. Partout en France, dans tous les villages il y a des monuments comme celui ci, ils font partie du paysage, on ne les voit plus. Il était là, devant moi, j'ai mangé tranquillement, j'ai tout observé de l'endroit ou je me trouvais sans le voir, jusqu'à ce que je bouge pour me dégourdir les jambes et qu'enfin je m'aperçoive de la présence de ce monument. Quand j'y pense, à tous ces jeunes, fauchés, tués, massacrés par la bêtise humaine, j'en ai les larmes aux yeux ... et moi qui profite de la vie, sur mon vélo, eux aussi auraient bien aimé ... La paix est le bien le plus précieux des peuples, mais voilà, l'homme à la mémoire courte, il est toujours aussi égoïste et belliqueux, je crains pour l'avenir de mes enfants et petits enfants.
Allez, ne nous laissons pas entraîner par la mélancolie, il fait beau, la route nous attend, et avec quelques tours de pédales de plus, je suis à Rambouillet, passage dans le parc, qui, à cette époque de l'année est magnifique.
Des adolescents sont là sur les bancs et font les pitres, ils me regardent, m'interpellent, et pour faire les malins tentent un peu d'humour, "eh pédale...". Un peu plus loin, à un feu rouge, venant d'une camionnette "c'est bien pour la sieste ... !", et il me photographie avec son smartphone en repartant.
Entre Rambouillet et Cernay-la-Ville, chouette une voie cyclable ! tantôt sur la route avec une voie en bordure, tantôt séparée de la route avec une voie indépendante.
Derniers coups de pédales, ils me paraissent faciles, j'ai encore la forme après trois jours d'efforts soutenus, mais à vrai dire ce n'est qu'une illusion, une heure après avoir arrêté la machine ... terminé, il n'y a plus personne, besoin de repos !
Au compteur 277 km, à 17,6 km/h de moyenne, je me suis bien défoulé, j'ai vu de beaux paysages, j'ai fait de belles rencontres, ne reste plus qu'a préparer le prochain départ.
Pour info, le tarif des campings, à Pithiviers 8€, et à Chartres 11,50€.
Voici le trajet sur OpenRunner
Tout restait à faire, dont la recherche de ces fameux moulins.
Mon outil de travail principal est OpenRunner, avec la possibilité de choisir la carte IGN, la carte routière par excellence au 100.000 millième, en zoomant j'accède à la carte au 25.000 millième et en jonglant avec les cartes CycleMap et StreetMap, cela me permet de construire mon itinéraire avec précision, un peu de Google Map et Street View pour parfaire le topo.
Le parcours est taillé pour une durée de 3 jours avec des étapes inférieures à 100km, avec peu de dénivelé, et fait le tour de la Beauce, en passant par la vallée de l'Essonne, la traversée de la Beauce avec ses moulins et ses éoliennes, Chartres et sa Cathédrale, et retour.
Courant Mai, je suis prêt ... mais il pleut ... j'attends ... fin Mai il pleut encore plus, 3 jours sans discontinuer, s'en suivent d'importantes inondations dans toute la région ... j'attendrai encore pour partir ... une fenêtre météo enfin ! ... je pars le 22 Juin ... au moins j'aurais eu le temps de me préparer !
1 er Etape : Bures sur Yvette - Pithiviers par la vallée de l'Essonne - 100 km
Oui, enfin je peux partir, les évènements familiaux et la météo sont favorables, l'idéal ! Une dernière
inspection de la machine, une dernier coup de pompe à 5,5 bars, les sacoches bien arrimées, j'ai vérifié, environ 14 kg de bagages boisson comprise, c'est tout bon, ya ka !
Mon enthousiasme est vite tempéré par la circulation du matin, il me faut m'extirper de la région parisienne, même si j'ai opté pour des petites routes, ce n'est guère mieux que les voies rapides, il me faudra atteindre La Ferté-Alais pour enfin trouver la tranquillité.
J'aime bien partir ainsi, avec le minimum, juste le strict nécéssaire, plus de télé ni de radio, je quitte la civilisation pour un monde plus simple, sans pétrole, mais à la force des mollets, je fais un effort, je lutte contre le vent, le soleil, la pluie, la fatigue, je me purifie, j'entre dans un autre monde, pour mieux voir le monde dans lequel je vis.
Me vient à l'esprit la situation des SDF, eux n'ont pas choisi de vivre dehors, moi je le fais quelques jours par plaisir, eux c'est toute l'année et contraints.
En passant devant la gare, deux mémés qui attendent le bus me regardent avec étonnement et hilarité, au moins j'aurais égayé leur journée, une BA facile à réaliser !
C'est un jour de chaleur, l'ombre est la bienvenue lors des arrêts, il souffle un petit vent de sud bien chaud, heureusement de face pour me rafraîchir comme il faut, malheureusement de face pour me ralentir un peu.
Je pédale mécaniquement, sans y réfléchir, le vélo semble avancer tout seul, le paysage défile, la douce chaleur m'alanguit, mon esprit est libre ... et je repense à cette famille de Syriens croisé à la sortie du supermarché avec une pancarte "Aidez moi", je leur ai donné un billet, ils étaient jeunes, beaux, avec deux enfants, l'air grave ... et moi qui passe mon temps à pédaler pour mon plaisir ... à mon retour, il va falloir que je fasse un peu plus pour ces réfugiés.
Du coté de la Ferté-Alais une piste cyclable sur quelques km, toujours appréciable pour rouler en sécurité.
C'est la vallée de l'Essonne, avec ces petits villages tout en longueur, tantôt tristounets, tantôt tout en beauté.
C'est pas tout, mais les km ça creuse, à Boutigny-sur-Essonne il y a de beaux arbres à coté de l'église pour une ombre indispensable aujourd'hui, mais un seul banc au bord de la rue et en plein soleil ...
Je me suis préparé une bonne salade avec des pâtes, du surimi, tomates, riz, laitue, pommes de terre, du pain complet bio, bref un régal, surtout quand on a faim !
Petit arrêt au Moulin Neuf près de Maisse.
Je m'égare quelques km, et m'en aperçois un peu tard après une belle montée ... pour rien, qu'il me faut redescendre aussitôt ! Eh oui, je n'ai pas le GPS sous le nez comme dans une voiture, je ne le consulte que si j'ai un doute, dorénavant je vérifierai plus souvent !
Il fait vraiment chaud, par moment le soleil tape dur, je me rajoute une deuxième couche de crème solaire, j'ai l'air d'un clown après son maquillage. Je m'arrêterais bien dans un café, mais cela devient une denrée rare dans nos campagnes, seulement des devantures fermées, nos villages sont bien vides.
Boutique des années 60
A Aulnay-la-Rivière, je cherche un peu d'ombre sur la place du village, une place dédiée à la voiture, bien bitumée jusqu'au pied de l'église, des arbres taillés bien ras, et d'anciennes boutiques fermées depuis longtemps ... c'est sûr, ça manque de charme !
En sortie de ville, une belle demeure très bien entretenue tranche avec la pauvreté du village, comme si tout l'argent du village était parti à coté, au château. C'est l'occasion de réfléchir sur la "richesse", et la "pauvreté" ... l'un est il responsable de l'autre ? Pourquoi ces inégalités ? L'actualité régulièrement se fait l'écho de personnages profitant de primes et revenus astronomiques, quelle éthique? quelle justice ? Je poursuis ma route avec ces questionnements, inquiet de ces inégalités qui ne cessent de se creuser, et qui risquent un jour d'être à l'origine de guerres et de révolutions.
Enfin Pithiviers avec 104 km au compteur, pour moi c'est un bel exploit ! J'arrive au camping, le responsable est là, il s'excuse de l'état de son bureau, le camping a été inondé, noyé sous un mètre d'eau ! Il me montre quelques photos de la catastrophe, paysages de désolation. Depuis il ne chôme pas pour remettre son petit camping en service ... les sanitaires fonctionnent, c'est déjà ça !
Je me restaure en ville, dans un excellent restaurant Vietnamien, le patron à repéré mon vélo et me questionne sur mon drôle d'engin.
Au camping, il n'y a quasiment personne, sauf un petit groupe de jeunes dans un bungalow, qui je suppose doivent résider ici, ils parlent fort, rigolent, et semble avoir besoin d'un niveau sonore important pour exister. A la tombée de la nuit je me sens obligé de déménager sur un autre emplacement un peu plus loin. Bizarrement, ce camping m'a paru très bruyant, pourtant en pleine nature, mais avec les bruits des voitures dans le lointain, de motos au moteur de formule 1, des hélicoptères à proximité, et même les avions à 10.000 m d'altitude donnaient l'impression d'entrer en résonnance ...
2 ieme Etape : Pithiviers à Chartres par la Beauce - 90 km
Voici donc l'étape la plus intéressante de ce parcours. A 9 h du matin il fait déjà bien chaud, heureusement cette fois ci j'aurais le vent et le soleil dans le dos, par contre, rouler ainsi à la même vitesse que le vent, il n'y a plus d'air pour refroidir le moteur, il me faut rouler plus vite, soit au moins à 25 km/h pour avoir un peu d'air.
En chemin, petit panneau surprise, je reste sidéré devant une telle imposture.
Plus c'est gros, plus ça passe |
La Beauce, c'est le plat pays, alors tout ce qui est haut, tout ce qui dépasse se voit de très loin comme un phare en bord de mer.
Le château d'eau, phare des terriens de la Beauce |
La Beauce est devenue depuis peu le pays des éoliennes, le vent ne trouve ici aucun obstacle, elles permettent de produire de l'énergie électrique propre à partir d'une ressource inépuisable.
Sur mon trajet, voici que je tombe sur un passage à niveau fermé, à l'ancienne, exactement comme dans mon enfance dans les années 50-60 ... une personne est ici à demeure, une garde-barrière ! je croyais que cela n'existait plus depuis longtemps. Elle m'ouvre les barrières, puis les referme derrière moi. Même si ce n'est pas un travail passionnant, au moins c'est un emploi utile et préservé. Autrefois, il y avait ainsi quantité de petits métiers qui permettaient à tout un chacun de trouver un travail, il n'y avait pas de chômage. Aujourd'hui, la compétitivité est le maître mot. Finis les petits boulots, une machine est bien plus rentable et remplace souvent plusieurs personnes d'un coup, le retour sur investissement est bien plus rapide, on fait du business, pas de place pour les gentils, les lents, ou les souffreteux, sans parler de la numérisation de l'économie et la mondialisation qui accélèrent ce processus. Nos politiques au pouvoir semblent incapables de résoudre ce problème de la disparition du travail, et les projets des autres, la fin des 35h par exemple, semblent contraires au but recherché. Tôt ou tard, ce problème va nous exploser à la figure ...
Puis je tombe sur la N20 que je dois traverser ... un flot ininterrompu de camions passe ici rendant la traversée délicate !
Voici celui de Ymonville, superbe moulin bâti sur une base en pierre,
Un peu plus loin le moulin de Moutiers en bord de route,
Aujourd'hui la chaleur est intense, il me faut trouver un endroit au frais pour le pique-nique. A Louville-la-Chenard, une place très ombragée me semble parfaite, mais point de banc pour me reposer, ou alors un peu plus loin au bord d'un espace ressemblant à un terrain de boule, l'endroit à été manifestement arrosé aux pesticides, et est bien triste, c'est qu'ici en Beauce, les pesticides coulent dans les veines des agriculteurs ... encore un sujet de réflexion, l'agriculture chimique, mais dans mon esprit c'est tout vu, si on continue comme ça, on en crèvera tous !
En repartant, je m'aperçois que j'ai loupé l'embranchement pour le moulin de Levesville ... tant pis je n'ai pas le courage de rajouter 10 km au parcours avec cette chaleur. C'est à Ouarville que ce situe le troisième moulin, splendide, bien restauré et accessible à tous.
J'ai bien flâné, il me reste encore quelques kilomètres sous la chaleur, route un peu monotone mais par moment très roulante ... je file entre 28-29 km/h sans forcer pendant des kilomètres, avec tout de même un petit vent dans le dos.
Je m'arrête dans un bistrot, si si j'en ai trouvé un à l'approche de Chartres, pour boire un diabolo menthe .... la patronne me sert un diabolo grenadine ... euh ? mais ? ben oui c'est bien ce que j'avais commandé, signe que je commence à fatiguer !
Et puis Chartres, ses ronds-points, ses voitures, il faut se battre pour se faire une place, il n'y a pas que des anges ici. Je cherche l'entrée du camping, il est là, tout prêt ... je demande à deux ados qui passaient, ils ignorent complètement la présence du camping, heureusement le passant suivant me montre l'entrée de l'autre côté de la route.
Ici, le camping est vaste, il y a même un peu de monde, c'est sûr, Chartres a plus d'atouts touristiques que Pithiviers. Je plante ma tente non loin d'un confrère vélocouchiste qui randonne comme moi.
C'est rare de rencontrer des vélos couché, en voici un bien équipé pour de longs périples.
Un troisième randonneur cycliste se joint à la conversation, ce dernier aime bien parler, c'est un dur à cuire, roule par tous les temps, et a une bonne connaissance des voies cyclables françaises, il les a toutes faites ! Je constate que mes deux compères sont bien plus chargés que moi, mais il est vrai qu'ils partent pour plus longtemps. Le temps passe vite, trop tard pour la visite de la Cathédrale ...
3 ieme Etape : Chartres - Bures sur Yvette - 78 km
Pendant la nuit, le vent a soufflé, mais heureusement les orages sont passés ailleurs. Au matin le temps est gris. Je plies petit à petit mes affaires, sans me presser, aujourd'hui j'ai tout mon temps, l'étape n'est pas trop longue et je rentre à la maison. Je passe à l'accueil pour acheter quelques viennoiseries, mais pas de chance il fallait les avoir commandé la veille ... je me contenterai de quelques restes et barres Isostar pour mon petit-déjeuner. Mes collègues cyclistes sont là, et la conversation reprend, les échanges de bons procédés, de circuits, d'idées en tout genre et mon ami n'est pas à court après plusieurs années à bourlinguer sur les routes et les voies vertes de France et de Navarre.
Mais voilà il faut que je m'en aille, je finis les derniers rangements, enfile ma tenue cycliste encore bien humide (je l'ai lavée en prenant ma douche hier soir), douce sensation de fraîcheur, mais ce matin il fait déjà frais naturellement, il me faudra rajouter une couche.
Passage dans Chartres, dans les vieux quartiers des bords de l'Eure, qui ont gardé le charme du moyen âge, comme les rues pavées qui me se_e_e_e_couent comme un prunier.
Il existe la voie verte intitulée Véloscénie qui me permettrait de rentrer chez moi, mais j'ai préféré organiser mon propre trajet mieux adapté à mon vélo.
Quelques grimpettes pour sortir de la vallée de l'Eure, dont une assez raide, étroite, avec un panneau de priorité et un virage serré entouré de murs de béton, je préfère passer à pied !
A nouveau les paysages dégagés de la Beauce, les grands espaces, et les blés qui commencent à prendre de belles couleurs.
A Galardon, je m'arrête à la boulangerie pour acheter mon casse-croute du midi. Le village est construit à flanc de colline, et là aussi une côte très raide, je n'insiste pas et la passe à pied.
Plus loin je choisi la D176 pour rejoindre Rambouillet, mais ce choix est peu judicieux, des camions y roulent aussi, je me sens comme un moustique bon à être écraser par ces monstres ...
Arrêt à Orphin pour mon casse-croûte, sur un banc à l'ombre, près du Monument aux Morts. Partout en France, dans tous les villages il y a des monuments comme celui ci, ils font partie du paysage, on ne les voit plus. Il était là, devant moi, j'ai mangé tranquillement, j'ai tout observé de l'endroit ou je me trouvais sans le voir, jusqu'à ce que je bouge pour me dégourdir les jambes et qu'enfin je m'aperçoive de la présence de ce monument. Quand j'y pense, à tous ces jeunes, fauchés, tués, massacrés par la bêtise humaine, j'en ai les larmes aux yeux ... et moi qui profite de la vie, sur mon vélo, eux aussi auraient bien aimé ... La paix est le bien le plus précieux des peuples, mais voilà, l'homme à la mémoire courte, il est toujours aussi égoïste et belliqueux, je crains pour l'avenir de mes enfants et petits enfants.
Allez, ne nous laissons pas entraîner par la mélancolie, il fait beau, la route nous attend, et avec quelques tours de pédales de plus, je suis à Rambouillet, passage dans le parc, qui, à cette époque de l'année est magnifique.
Des adolescents sont là sur les bancs et font les pitres, ils me regardent, m'interpellent, et pour faire les malins tentent un peu d'humour, "eh pédale...". Un peu plus loin, à un feu rouge, venant d'une camionnette "c'est bien pour la sieste ... !", et il me photographie avec son smartphone en repartant.
Entre Rambouillet et Cernay-la-Ville, chouette une voie cyclable ! tantôt sur la route avec une voie en bordure, tantôt séparée de la route avec une voie indépendante.
Ah si toutes les routes étaient faites ainsi ... la vie serait plus belle ! |
Une belle piste cyclable, c'est tout de même plus sympa ! |
Au compteur 277 km, à 17,6 km/h de moyenne, je me suis bien défoulé, j'ai vu de beaux paysages, j'ai fait de belles rencontres, ne reste plus qu'a préparer le prochain départ.
Pour info, le tarif des campings, à Pithiviers 8€, et à Chartres 11,50€.
Voici le trajet sur OpenRunner
Merci pour le parcours
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Merci !! Ah oui le trajet avaient disparu ... je l'ai remis !!
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