À vélo de l'Atlantique à la Méditerranée à la recherche des origines

Je pars dans les Pyrénées, elles ont bercé ma jeunesse, tantôt aux fond des gouffres, tantôt sur les crêtes, dans les lieux saints, visibles depuis ma Gascogne natale, chaîne de montagnes qui barre l'horizon et resplendit par temps clair.
Ce sera en vélo, de l'Océan à la Méditerranée, en longeant le Piémont Pyrénéen, avec le minimum de dénivelé pour ménager mon physique de sénior (!).
Cette randonnée s'est déroulée du mardi 27 Août au mercredi 10 Septembre 2019 en suivant cet itinéraire :
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Sommaire pour faciliter l'accès au récit:

Jour 1 de Bayonne à Peyrehorade

Jeu de Go
La veille ma gopro se prend pour un radiateur électrique. Je perds deux heures à chatter avec un soi-disant technicien gopro qui me laisse tomber comme une vieille chaussette, se rajoute une contrariété avec le voisinage, l'actualité avec l'Amazonie en feu, je suis un peu perturbé ...
La nuit est courte, quelques oublis se rappellent à ma mémoire, qu'il faudra rajouter au lever.

Le doute est sûr
Le départ est imminent. Serais-je capable ? N'ai-je rien oublié ? A quelle météo dois-je m'attendre ? Mon vélo est-il bien prêt ? le futur est incertain, comme dans la vie de tous les jours, sauf qu'ici, en partant en voyage, on le provoque, on l'oblige à nous surprendre, et si possible dans le bon sens !
Au petit matin, je me glisse dans la pénombre, les rues sont désertes, je file à l'anglaise, les Pyrénées m'attendent.

Tgvélo
J'ai un TGV direct de Paris à Bayonne qui accepte les vélos, surprise, ce sont des rames à double étages, alors que partout ailleurs ce type de rame exclut systématiquement les vélos ... comme quoi la SNCF sait très bien faire quand elle veut.
Sur le quai, un gamin d'1 an et demi à peine, s'écrie en montrant le vélo du doigt "Vé !!", ah lui au moins reconnait que c'est un vélo et il a l'air d'apprécier, c'est la nouvelle génération qui fera du vélo !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
 Dans le train je dois faire le bagagiste pour que mon vélo ne disparaisse pas sous une montagne de sacs en tous genres.
Bayonne déjà ? je quitte la gare, direction Biarritz, je veux voir l'Océan, toucher l'Atlantique symboliquement, pour le relier avec ce voyage à la Méditerranée. Je veux faire un pont entre deux mondes et relier le passé au présent.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Biarritz
Cheval roulant
Un homme vient me parler "Ce n'est pas trop difficile ? ... cela me rappelle, autrefois, les petits chevaux avec un char et des pédales comme votre vélo, dans les parcs publics ...".
Instantanément, remonte du fond de ma mémoire ces petits chevaux à pédales, j'en avais fait une fois et j'avais adoré !! 

Est-ce pour cela qu'aujourd'hui je fais du vélo couché ? Ce souvenir serait-il celui qui aurait provoqué ce "coup de foudre" lorsque j'ai vu pour la première fois un vélo couché ?
J'ai peut-être une nouvelle réponse à la question "pourquoi le vélo couché ?".
J'ai bien fait de venir à Biarritz ...
Direction Peyrehorade, 60 km en tout, le long de l'Adour, c'est plat, un peu de vent dans le dos.
Un chien me course pendant 1km ... j'aime bien les toutous, mais pas les roquets.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Bayonne
La gopro à l'air de fonctionner, je n'ose y croire et l'utilise avec parcimonie et douceur.
Le camping municipal est simple, des sanitaires rustiques, des prises électriques perchées à 2m de haut, au bord de l'Adour avec un beau paysage sur le village, tarif 4,50€ ... record battu, je n'ai jamais payé aussi peu !
La nuit arrive vite, les couleurs sont belles, je m'écroule de sommeil.

Jour 2 de Peyrehorade à Oloron-St-Marie

Chut !
La nuit à été calme, mais très tôt le matin les bruits reviennent, des voitures, motos et camions. Même si ces bruits sont lointains, ils sont prégnants. Ils masquent les bruits de la nature comme les chants des oiseaux, les crissements des sauterelles, les remous de l'eau du gave ... les moteurs pétaradants ont envahi notre espace sonore. C'est en faisant du camping sous la tente, en vivant dehors 24h sur 24, que l'on s'en aperçoit.

Rendez-vous
J'ai prévu de rendre visite à un ami de Salies-de-Béarn. Je lui ai fait un message hier, sans réponse ... au moment de partir, un peu en retard sur mon horaire, je vois sa réponse. Dans une heure j'y suis, je pars sans me soucier de confirmer.
À l'approche de Salies-de-Béarn, je roule sur une belle voie verte de quelques kilomètres
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Salies de Béarn
À l'entrée de la ville, ne connaissant pas son adresse, je m'arrête pour téléphoner. Alors que je cherche son numéro le nez collé à l'écran, un joggeur s'arrête à coté de moi et me salue, c'est lui !!
Il s'en est fallu d'un rien pour que ce soit un rdv manqué, mais le hasard est parfois surprenant.
Il me fait visiter le centre-ville ancien, il est féru d'histoire et habite une ancienne maison de ville. L'année dernière de terribles inondations ont submergé son quartier, un mètre d'eau chez lui dans son salon.
Salies de Béarn
 Salies de Béarn et ses belles maisons anciennes,
Salies de Béarn
 Sur pilotis au dessus du torrent, petit ruisseau en cette saison.
Musik
Et dans une vitrine, ce magnifique poste des années 50... presque le même que celui de mon enfance, je me revois, debout sur une chaise, tournant fébrilement le bouton à la recherche du hit-parade de l'époque, et Edith Piaf chantant "Allez, venez Mylor ... ♬♩♪", aujourd'hui j'écoute de la musique électronique jouée par des DJ sur des enceintes bluetooth, en streaming ...
TSF
Je repars, première côte sérieuse, il fait chaud, route sur les hauteurs qui joue à saute mouton, et à me faire peur ... les gravillons heureusement se sont écartés à mon passage.
Gravillons
 Oloron-St-Marie, qui sur la carte m'avait paru être une ville de plaine (plate), mais en réalité, elle cache de belles côtes de ci de là, courtes mais raides.
Oloron St Marie
Le camping est un cran au-dessus du précédent, même de la bière à la pression ! 
A coté de moi des randonneurs à vélo, allemands, très bien équipés et un irlandais qui va à St Jean-Pied-de-Port, le passage en Espagne pour St-Jacques-de-Compostelle.

À l'arrache
Les locaux, comme partout en province, se déplacent en voiture. Aujourd'hui deux camionnettes m'ont coupé la priorité, dont une franchement en me passant au raz de la roue avant. Il y a de la provocation, de l'inconscience, de l'honneur mal placé, on ne va pas laisser passer un vélo, on est le plus fort, le plus rapide, c'est une course ou le plus fort doit gagner, quitte à tricher !

Aaaaaargh
À coté du camping, il y a les terrains de sport de la ville, ce soir c'est entrainement rugby, ça crie, ça gueule ... "Coooours, paaaasse, roooooh, aaaaarh, waaaarh, noooon, ouiiiii !!!", un niveau sonore impressionnant, au rugby, avoir des muscles ne suffit pas, il faut des cordes vocales de 100 décibels minimum.

Ici, les Pyrénées sont toutes proches et se découpent sur le paysage. Demain, j'attaque ! Après ces deux jours d'entrainement, je commence les choses sérieuses !

Jour 3 de Oloron St-Marie à Lourdes

Le début de l'étape est tranquille, dans la plaine, de petites routes, de petits villages, ça monte tout doucement, quelque chose me dit que je suis sur la bonne route ... Tous les chemins mènent à Rome, ici ce serait plutôt Tous les chemins mènent à Lourdes !
 Dans la plaine, il y a des matériaux disponibles en quantité comme ici les galets, certains murs sont très beaux, un vrai travail d'artiste.
Béarn, mur de galets
Admiration
En haut d'une côte, je tombe sur un superbe dolmen, imposant, en parfait état. Cela fait 5 à 7000 ans qu'il est là, presque une éternité à l'échelle d'une vie humaine. Quand on pense aux moyens techniques dérisoires de ces hommes, quelles forces spirituelles les animaient pour réaliser de telles prouesses ? Qui étaient-ils ? Comment vivaient-ils ? Ces questions resteront à jamais sans réponse, ils sont trop loin dans le passé ...
Béarn, dolmen
 Je repars en imaginant ces ancêtres, face aux éléments, la pluie, la foudre, les maladies ... des forces surnaturelles, des dieux ou des démons côtoyaient leurs quotidiens.

Une côte un peu raide que je termine à pied, sinon dans l'ensemble, ça passe, des petites routes sinueuses qui montent et descendent sans trop de difficultés.
Chêne remarquable
Arbuste
À une intersection j'hésite, à droite ou à gauche ? il me semble que c'est à droite, ça descend fort ! trop tard c'était à gauche ! et le hasard a encore frappé, je tombe sur cet arbre Remarquable, un chêne énorme, très vieux, difficile à dater à vu de nez ... au moins 500 ans, cet arbre a connu François 1er !
À Bruges-Capbis, village bastide qui a un beau patrimoine.
Bruges-Capbis
J'arrive en début d'après midi aux grottes de Bétharram, j'ai bien envie de les visiter, mais l'accueil n'ouvre qu'à 15h. Tant pis je me passerai du petit train avec les retraités espagnols qui débarquent des bus, je repars !
 Je trouve une petite route sympathique réservée aux vélos !
J'approche, il y a des signes qui ne trompent pas !
Vierge Marie
  La forêt de Lourdes
Forêt de Lourdes
Camp love
Et le camping, lové en bordure de forêt, un peu sur la hauteur, une belle piscine, une oie garde l'entrée de l'accueil, des emplacements genre bivouacs en forêt ou classiques, un snack restaurant très correct ...  je n'ai que des compliments, ce camping est quasi parfait et me rappelle ceux des Pays-Bas.
Camping de la Forêt, Lourdes

Jour 4 Lourdes

Je ne peux pas passer ici en coup de vent, c'est un lieu indissociable des Pyrénées et de mes souvenirs d'enfance. Dans ma jeunesse, j'étais "enfant de coeur", et pour nous récompenser, le curé nous emmenait une fois par an, passer une journée à Lourdes ... c'était la fête !

Lourdes est un lieu de pèlerinage, un lieu spirituel où se dégage une ambiance forte, pleine de gravité. 
Croyant ou pas, on ne peut pas rester indifférent, ici, il se passe des choses extra-ordinaires.
J'arrive en début de matinée, au moment ou ont lieu les cérémonies des différents pèlerinages, ce sont principalement des italiens. 
Lourdes
Les chants et les prières résonnent partout dans le sanctuaire. Tous ces gens sont réunis, soudés, il y a de la ferveur, des sourires, des émotions, des mains serrées, des larmes, et encore des chants et des prières. 
Les malades et les handicapés dans des chaises roulantes sont là avec leurs accompagnants, ils viennent chercher du réconfort, de la force et de l'espoir. Ils repartiront requinqués pour affronter à nouveau le quotidien, quelqu'un les a écoutés et leurs a fait une promesse, une place au paradis dans le ciel.
Lourdes
On vient à Lourdes pour y prendre de l'eau, la boire, se "laver" intérieurement, c'est une eau sacrée pour les croyants, un symbole de vie pour tous.
Alors moi aussi, peut-être croyant, je laisse vagabonder mon esprit, je repense à mes disparus, je prie pour mes proches sans qui je ne serais rien, je prie pour notre planète, pour que les hommes retrouvent la voie de la raison et de la sagesse, qu'ils s'unissent tous pour que notre terre reste vivable ... 
Lourdes
Je vais me promener en ville, flâner, faire les boutiques de souvenirs, impossible de ne pas ramener un petit quelque chose de Lourdes, c'est une tradition. Certes, tout ce qui est proposé n'est pas des plus recommandable, le gadget kitch l'emporte souvent sur l'objet de piété.
Enfant, je me faisais une joie de chercher dans ces étalages, et je me ramenais au moins un paquet de bonbons "galets du gave" ... et surprise, ils existent toujours !
Juste à coté, le quartier pauvre des Cagots, pour nous rappeler qu'autrefois, les "ghettos" existaient dans nos villes, pour les minorités, les moins que rien, les malades ...
Je retrouve mon camping, demain, il est prévu de la chaleur, je partirai tôt.

Gadget chauffe planète
J'ai du mal à dormir, la caravane d'à coté fait tourner une clim toute la nuit et les deux camping-cars d'en face illumine la nuit avec leurs rampes de leds surpuissantes. Je ronchonne contre ces artifices qui polluent notre planète, dont je ne vois pas l'utilité en camping. 

Jour 5 de Lourdes à Bourg-de-Bigorre 

Cinq heures du matin, je plie dans l'obscurité et quand le jour se lève, je suis sur ma monture, prêt à reprendre la route.
J'ai prévu un itinéraire plus long mais avec moins de dénivelé, ce qui me permet aussi d'éviter la route classique qui mène à Bagnères-de-Bigorre.
La vallée est emplie de brume, le ciel bleu se dégage par endroit, cette ambiance a beaucoup de charme.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
La première côte de la journée est bien raide, pas assez pour que je la fasse à pied, et trop raide pour mouliner sans fatiguer, je dois pousser, tirer, respirer ... elle est longue, elle est dure !
Au sommet, beau paysage ... sur un orage qui passe tout près, va t'il être pour moi ?
Dans un rond-point, un cycliste géant, un automate ... inanimé.
Rond point cycliste
Tentations
À Bagnères-de-Bigorre, c'est jour de marché ! je m'aventure dans les ruelles du centre ville en poussant ma monture, mais il y a tellement de monde que j'ai beaucoup de mal à avancer !
Que des produits locaux, du terroir, des étalages de fromages auxquels je ne résiste pas. 
Fromage des Pyrénées
Mais la place sur le vélo est compté et à mon grand regret, je ne peux pas emporter grand chose.
Je casse la croûte dans un parc avec des arbres splendides.
Bagnères de Bigorre

À la source
Une femme vient me faire la conversation, elle passe tous les ans une semaine à Bagnères, en vacances, toute seule ... depuis 40 ans. Elle est venue ici à l'âge de 12 ans en colonie de vacances, alors depuis, elle a besoin d'y revenir, de se ressourcer ... les lieux de vacances de son enfance sont des aimants, j'en sais quelque chose.

Je repars, une côte m'attend, la route est large, je trace au plus court pour ma destination. C'est samedi, il y a peu de circulation.
En chemin une belle chapelle,
Puis une grande descente, j'apprécie mes freins à disque ! En bas l'Abbaye d'Escaladieu, c'est ouvert, j'ai du temps, j'entre pour visiter.
Abbaye d'Escaladieu
Ravissement
Il reste quelques beaux bâtiments, j'en fait vite le tour, mais, surprise, il y a une exposition de photographies, le studio Toulousain Alix, plus d'un siècle d'activités dans le Sud-Ouest et surtout les Pyrénées.
Studio Alix
Je suis en extase devant ces clichés, des tirages d'une qualité parfaite, des lumières, des ombres, du relief ... le coup d'oeil du photographe, le cadrage ... tout y est pour rendre cette exposition magnifique !
 C'est tout le 20 ème siècle qui se retrouve ici, principalement les années 50 et 60 ... mon enfance, me voici à nouveau plongé dans mes souvenirs, je me revois petit devant la vitrine, devant tous ces appareils, hors de prix à l'époque, ado je ne m'achetais que rarement un disque.
Studio Alix, vitrine années 50
 Mon père était photographe, son travail était, entre autre, ces portraits de communiants. Le jour de la cérémonie et le lendemain, c'était un travail non stop, j'étais réquisitionné pour emmener les familles une à une jusqu'au studio tout au fond d'un grand couloir. Quels souvenirs ! C'est sûr, tout cela n'existe plus, ni les communiants, ni les photographes ...
 Et cette voiture, c'était celle là que j'aurai quand je serai grand ...
La fête du rugby
J'arrive au Moulins des Baronnies, il y a du monde, une belle rivière, de l'ombre, des espaces de pique-nique, et un terrain du rugby (!), ici, au milieu de nulle part, samedi après-midi, il y a match !
Au camping, l'accueil me prévient "il y a un groupe de rugbymans dans le gîte", ah, cela me rappelle quelque chose ... une nuit blanche l'année dernière sur les bords du Rhône !
Je file tout au fond du camping, au plus loin, des chevaux pour voisins, j'allume un petit feu pour le plaisir et finir de sécher ma petite lessive.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
La nuit est presque calme, quelques clameurs lointaines des sportifs fêtards, le crépitement de la pluie sur la tente, le torrent qui coule, les chevaux qui soufflent...

Jour 6 de Bourg-de-Bigorre à St-Bertrand-de-Comminges

Au matin, le ciel est bouché, il bruine, le camping est dans les nuages. Tout est trempé, cela m'est difficile de ranger tout en gardant les affaires au sec. La tente pèse 1kg de plus !

La vedette
Départ sous les acclamations des rugbymans, qui semblent avoir encore la forme après une petite nuit. J'avoue que je ne me sentirais pas à l'aise dans ce genre de groupe où la virilité masculine est poussé à l'extrême, où il faut paraître le plus fort, où l'intensité de sa voix et son vocabulaire paillard sont des marques prépondérantes.

Il fait frais, les nuages mouillent sans arroser, les paysages sont cotonneux, c'est un temps idéal pour faire du vélo, j'adore ...
J'ai du dénivelé ce matin, cette météo est parfaite, je monte, cela me parait presque facile.
Les Baronnies Pyrénéennes
Extinctions des espèces
Nous sommes le dimanche 1er Septembre, il semble que ce soit l'ouverture de la chasse. Trois pick-up sont garés sur le bord de la route avec des chiens en cage qui aboient et pleurnichent. Un fougueux Tartarin garde les pauvres fauves, le fusil en bandoulière ...
Aujourd'hui je suis zen, pas de provoc, pas de bonjour non plus ... faut pas trop me demander.
C'est un jour de fête pour les chasseurs, un jour de deuil pour la Nature.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Sur cette étape, j'ai un but, un endroit précis que je veux voir, la grotte de Labastide. Quand j'étais ado, je faisais partie d'un club de spéléologie, et nous allions parfois faire un week-end dans les Pyrénées. Une fois, ce fut à Labastide.

Une grotte à cheval
Les collectivités y ont construit un centre d'accueil avec des animations autour de la préhistoire, avec des huttes, des outils de pierres, des projections, des initiations et jeux sur ce thème pour les enfants.
J'ai un peu de mal à reconnaître, il n'y avait pas toute cette végétation, je ne me souviens que de ce porche grandiose de toute beauté.
Grotte de Labastide
À l'époque je ne savais rien de ce qui m'attendait, quand, au fond d'une immense galerie, un spécialiste de la préhistoire nous montra le cheval ... ce fut une révélation, j'en éprouve toujours la même émotion quand le souvenir me revient. J'en ai gardé cette photo.
Un cheval stylisé, à l'ocre rouge, peint par un artiste de la préhistoire, il a 25 000 ans.
Il témoigne, il passe un message du lointain passé au présent.
J'imagine, c'est notre ancêtre qui est là, il dessine, il invoque des divinités, ici au centre de la terre, la terre mère génitrice de la vie.
Le cheval de Labastide
Je repars, je ne sais plus trop dans quelle époque je suis, ce lointain passé se mélange à mon adolescence ... au présent. je compte les générations qui nous séparent peut-être 6000, c'est loin, très loin, et déjà 2 de plus depuis mon dernier passage ici, avec mes enfants et mes petits enfants ...
Et nous quel message laissons nous à nos petits enfants de dans 25 000 ans ? Dans quel état sera notre planète ? Sera-t-elle encore viable ?

Je quitte Labastide ... ce village est une curiosité géologique, il est dans un trou, la rivière disparait à l'entrée de la grotte dans les profondeurs de la montagne.
Je remonte pour passer dans la vallée d'Aure, encore des souvenirs : je me souviens de trois jours passés dans une petite colo, à l'âge de 7 ans, à Azet, un petit village de bergers à l'époque. Ce fut magique pour moi, une découverte de la montagne et des bergeries ... J'irais bien avec mon vélo, mais le dénivelé me fait un peu peur !

Honneur au bitume
C'est dimanche, les boutiques sont fermées et je ne trouve aucune boulangerie sur ma route, je dois faire avec mes réserves, c'est juste, mais je peux tenir jusqu'à demain matin.
Je cherche en vain un coin pour pique-niquer, un jardin, un parc, un banc ... rien, que du bitume à bagnoles, comme ici à Labarthe-de-Neste, un aménagement bien triste.
Labarthe de Neste
La suite est roulante, la vallée descend pour rejoindre celle de la Garonne.
J'arrive à St-Bertrand-de-Comminges, un tout petit village sur la hauteur avec une énorme cathédrale et un cloitre Cistercien. Je suis en avance, j'ai tout mon temps pour visiter.
St Bertrand de Comminges

St Bertrand de Comminges
Promesse de Gascons
Au village, il y a une crêperie, je demande si elle sera ouverte ce soir, la serveuse me répond oui, pas de souci. J'ai préféré m'en assurer, les touristes se font rares en ce début Septembre, les vacances sont finies.
À mon retour, à l'heure dite, le village est vide, les boutiques ont toutes fermées, même ma crêperie ...

Ce soir, au camping, l'ambiance est pesante, pas un souffle, ciel gris, aucun bruit.
La nuit tout change, le vent et la pluie réveillent la nature et mettent un peu d'animation.
Je fais la grasse matinée en attendant la fin de la perturbation.

Jour 7 de St-Bertrand-de-Comminges à Moulis

Il a bien plu cette nuit, cela s'arrête vers les 9h, heureusement ... il est temps de plier !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
VAE galère
Je vais déjeuner sous un abri, j'y retrouve un autre cycliste. Nous bavardons, il est en vélo électrique avec une remorque et il fait les cols Pyrénéens, il se plaint de ses freins à disque insuffisants dans les descentes, et reconnait tout de même un poids total relativement lourd de 130 à 140 kg.
Par contre, sa randonnée est terminée, il a cassé hier soir sa chaîne et sa patte de dérailleur en montant au village. C'est un VAE à moteur sur le pédalier, la puissance est reportée sur la chaîne sur laquelle s'ajoute celle des jambes, et la mécanique n'est visiblement pas dimensionnée pour cela, la moindre erreur est fatale.

Un couple de jeunes se joignent à la conversation, ils se déplacent principalement à vélo et ont un projet de vie écologiste. Il cherche un terrain à construire dans les environs, avec des infras routières compatibles avec le vélo et des écoles pas trop loin pour les enfants. Ils me redonnent confiance et espoir en l'avenir ...

Sur la route
Je pars tard. j'ai un travail à faire aujourd'hui, ce sont les provisions, je n'ai plus rien !
Sur mon trajet je tombe sur un centre commercial, stop ! je peux enfin reconstituer mes réserves ... pour 2 jours au moins !
Il est déjà midi, à peine 10 km au compteur, j'ai faim, le MacDo fera l'affaire, je refais mon itinéraire pour tracer au plus court.
En chemin, un petit oratoire mignon comme tout.
Ça se gâte
L'itinéraire est roulant, à l'approche de St Girons, je me retrouve sur une sorte de voie rapide, avec une belle voie sur le coté, mais apparement ce n'est qu'une bande d'arrêt d'urgence, qui disparait sous les ponts et aux intersections ... là où le cycliste en aurait le plus besoin (!).
Puis une voie verte sur une ancienne voie de chemin de fer ... en stabilisé, peu roulant, et énergivore (fatigant !). 
Ça s'aggrave
La voie verte s'arrête en queue de poisson (ou en noeud de boudin ...) sur la route de St Girons, et quasi impossible de la prendre tant il y a de la circulation, en sortie de virage, ligne continue, haut trottoir, ça roule vite, et personne pour vous laisser passer, il faut être casse-cou pour se lancer ... après bien des hésitations, je réussis enfin !
Le vélo n'a pas l'air d'être le bienvenu ici, les automobilistes vous le font sentir, et les aménagements inexistants ... mais je suis mauvaise langue, j'aperçois une belle bande cyclable que j'emprunte aussitôt ... 100m et déjà terminée, et même difficile d'en ressortir !
Je prends la route de Moulis, ce village de l'Ariège que je désire revoir ... j'y ai passé des vacances, il y a 60 ans !
Il y a du monde sur la route, les automobilistes roulent vite et je me fais doubler par des Porches, des pick-up, des gros SUV ... le métier de berger n'est plus ce qu'il était !
J'avais une autre image de l'Ariège, rouler dans Paris me parait plus tranquille qu'ici !!
Ouf !
J'arrive au Camping, l'accueil n'ouvre que le matin, mince, c'est un camping de mobilhome.
Je téléphone, mais personne ne répond. Arrive un mini bus, la conductrice descend, "Vous êtes la gérante du camping ? oui !" le hasard a encore frappé et au bon moment.
J'ai une place sous un pin, table, bancs, et prise électrique !!
Un bon repas m'attend, pâté, nouilles chinoises, fromage des Pyrénées, yaourt protéiné ... et j'en passe, c'est la fête !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
La météo s'est nettement rafraîchie, mon équipement pour la nuit est un peu juste.

Jour 8 de Moulis à Foix

Brrr ... 8° ce matin, un petit vent descend de la montagne, je suis gelé, un thé bien chaud est le bienvenu. Sur mon vélo je tremble de froid et j'ai du mal à rouler droit.

La tou't première fois
Je recherche l'endroit, où, il y a 60 ans, nous étions venus en famille, en camping passer des vacances. Mon père à l'époque était un biologiste amateur, spécialisé sur la faune cavernicole et travaillait avec le CNRS qui possède ici un centre de recherche. J'avais 6 ou 7 ans, et ce fut l'occasion d'apprendre à faire du vélo. Il y avait un vélo de femme, et donc accessible pour moi, sans espoir bien sûr de m'assoir sur la selle beaucoup trop haute. Tous les jours, j'allais et venais sur la petite route, au début en mode trottinette, puis en pédalant ... j'avais enfin la maîtrise du vélo, ouvert la porte vers mon autonomie et ma liberté.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Il me reste une photo du campement, l'enfant assis au pied du peuplier, c'est moi. Les paysages actuels ressemblent bien à la photo, mais retrouver exactement l'endroit demanderait une recherche plus sérieuse, le principal est accompli, je suis revenu à vélo sur les lieux de mes premiers coups de pédales !
Je repasse à St Girons ... la situation des vélos n'y est pas meilleure depuis hier soir, et même un handicapé en fauteuil roulant est obligé de rouler dans la rue, le trottoir étant impraticable ... scandaleux !
Les beaux paysages de ville ne rattrapent pas la mauvaise impression générale. Il est vrai que j'ai été mal habitué avec mon voyage aux Pays-Bas, les hollandais ont mis la barre vraiment trop haute !
St Girons
Je râle, je ronchonne, je suis un grincheux comme beaucoup de français ... mais des fois, cela est tout de même justifié !!

Direction le Mas d'Azil, un site exceptionnel, un haut lieu de la préhistoire.

Poète pouêt
Tel un bateau, je vogue de collines en dolines,
Comme Icare, je vole au milieu des hirondelles,
Enivré par le vent, je titube dans mes pensées,
À la recherche de la vie, je philosophe avec Platon,
La flèche du temps pointe sur midi, la faim aussi.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Le Mas d'Azil, une rivière souterraine qui traverse la montagne de part en part, même la route passe dans la galerie !
Un site idéal pour nos ancêtres magdaléniens, la grotte a été habitée pendant plusieurs milliers d'années, ici aussi peintures, gravures, sculptures sont nombreuses, l'art ne date pas d'hier ... mais d'avant hier !
Le Mas d'Azil
Impressionnant !
Le Mas d'Azil
Après cette immersion dans le passé, je reprends la route. Un site étonnant m'attire comme un aimant, celui de la chapelle de Raynaude, avec un chemin de croix original, taillé dans la falaise.
Eglise de Raynaude
 L'église est ouverte, une belle vierge à l'enfant dans le coeur, l'ambiance est calme et douce.
La suite se passe sur la voie verte de St Girons à Foix, en pleine nature, elle grimpe doucement mais surement. Comme hier, le revêtement est "lourd", pas mal de kilomètres à faire sur cette voie, je fatigue, elle se termine à l'approche de Foix sur du gravier grossier désagréable.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo

Voie verte de Foix
Jamais content
Le camping de Foix, coincé entre la Garonne l'Ariège et une voie rapide, pas loin d'une autoroute, avec des Ariégeois qui conduisent à l'arrache ... comment dire ? ... bien content de repartir au petit matin !

 Jour 9 de Foix à Puivert

Ecoute ...
Très tôt, les bruits des moteurs envahissent l'espace, à 6h du matin impossible de dormir, tellement il a de bruit. Je distingue difficilement le son d'une cloche dans le lointain ... je tente d'imaginer, il y a de cela 100 ans à peine, à la même heure, l'angélus qui résonnait dans la campagne, les cloches des vaches quittant l'étable pour les près, le sifflement d'un train à vapeur au loin, une charrette tirée par un cheval allant au marché ... je ne dis pas que c'était mieux avant, la vie était très dure et ingrate, mais n'avons nous pas poussé le curseur de la "modernité" un peu trop loin ?

Un sourire
Une petite fille me regarde passer d'un regard amusé ... à quoi pense-t-elle ? " Oh un magicien sur un tapis volant !" ou bien "Oh une sorcière sur son balai !".

Fainéant !
J'avais le choix entre monter visiter le château cathare de Montségur ou descendre voir le village médiéval de Mirepoix ... j'ai préféré la deuxième solution, je supporte mal l'altitude ... à vélo.

Histoire de famille
Je retrouve le calme des petites routes, il fait beau et la température est très agréable.
Je traverse un village "Les Pujols".
Ce nom de Pujol ne m'est pas indifférent, c'était le nom de mon arrière grand-mère. C'est un nom typique du sud-ouest. Elle était douée pour le dessin, et elle nous a laissé quelques beaux portraits. Dans ma jeunesse il y avait encore chez ma grand mère son chevalet et ses tubes de peinture.
Et Mirepoix, qui effectivement mérite le coup d'oeil, avec sa place principale de maisons à colombages et leurs galeries. La maison des Consuls présente une très belle charpente décorée de sculptures moyenâgeuses.
Mirepoix

Mirepoix
 Un randonneur à vélo s'arrête et vient me parler, il est Suédois, il vient de Stockholm et va jusqu'à Barcelone, en route depuis 7 semaines, il veut passer par l'Andorre.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Mirepoix
Je ne m'attarde pas, j'ai des kilomètres à faire, du dénivelé, et le soleil tape dur cet après-midi.

Grand seigneur
Un motard me double comme une fusée, la jambe tendue ... je ne sais pas comment je dois interpréter ce geste... une marque de sympathie ou une menace ? Les motards me font un peu peur, d'ailleurs c'est ce qu'ils recherchent, ils se comportent comme les Seigneurs du moyen-âge qui faisaient leurs lois et qui avaient tous les pouvoirs sur le peuple ...

J'approche petit à petit, le final grimpe bien, enfin Puivert, joli petit village, surplombé par un château.
Puivert
J'ai décidé de faire ici mon jour de repos, il y a un bungalow de libre au camping, à moi le luxe et la volupté !
La faim et la soif
Je pars faire quelques courses au village ... en vain, il n'y a rien, mais rien du tout, et j'ai oublié de commander du pain et viennoiseries pour demain matin au camping ... j'envoie un sms au gérant in extrémis, ouf ça passe, merci !
Il y a tout de même au village une brasserie (de bière) dans un ancien atelier, endroit très sympa, toute la communauté anglaise du coin semble s'être donné rendez-vous ici, avec de la bonne musique, et surtout de la bonne bière !!
Quercorb

Jour 10 Puivert

Cool
C'est mon jour de repos ... je commençais à fatiguer. Rien de tel qu'un jour d'arrêt pour s'occuper de soi, faire sa lessive, revoir ses rangements, bichonner sa monture, flemmarder, et repartir le lendemain en pleine forme !

Ce matin le temps a radicalement changé, il pleut, de belles bourrasques balayent le camping, je regarde le spectacle à la fenêtre, bien content de mon choix d'un hébergement en dur !!
J'en profite pour réserver mes billets de train pour le retour, la fin du périple approche.

Le temps qui passe
L'après midi, je visite l'écomusée du Quercorb, à nouveau une occasion pour moi de revivre le passé.
Dans les années 50-60, les gens vivaient encore comme cela à la campagne, une marmite dans la cheminée, le poêle à bois en service, une cafetière au chaud, on vivait de peu et on ne se plaignait pas.
C'était une époque de grand changement, ces modes de vie et leurs traditions étaient en train de disparaître et nous en étions les acteurs, sans le savoir.
Les temps changent, nous changeons avec, nous sommes le changement, portés inexorablement par le courant. Pouvons-nous influer sur le cours de ce fleuve qui ne s'arrête jamais ?
J'ai peut être une réponse à cette question avec Michel Serres qui disait "l'Homme n'est pas, il peut", tout son optimisme était là dans cette expression. Si je l'applique au dérèglement climatique, je dirais  "l'Homme n'est pas foutu, il est capable de sauver sa planète".
Musée du Quercorb
Un luthier est associé au musée et fabrique des instruments anciens. J'aurais droit à un petit concert de vielle à roue.
Je me balade jusqu'au château, là-haut le vent souffle très fort.
C'était une autre époque, celle des seigneurs, des guerres, des brigands, une époque sans lois, ou plutôt la loi du plus fort, pas de regret ...
Château de Puivert

Jour 11 de Puivert à Bugarach

Ce matin le pliage des bagages est simplifié, par contre il me faut faire un peu de ménage ... je rends le bungalow plus propre que ce qu'il était en arrivant ! J'en oublie de remplir mes gourdes !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Petite grimpe sur fond de château de Puivert, le vent dessine des vagues sur les prairies.
Poésie
Je dévale les monts, remonte les vallons,
Je cours dans la plaine et pédale à perdre haleine,
Je cherche dans le vent une réponse au mystère du vivant.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
J'ai peur
Espéranza, le musée des dinosaures ! C'est qu'ici, il y a quelques dizaines de millions d'années, ces bestioles peuplaient la campagne, je n'aurais pas voulu me retrouver nez à nez avec certains de ces spécimens !
Espéranza, musée des dinosaures
Pour nourrir ces monstres, il en fallait de la chair fraîche ! d'un autre coté, cela veut dire que la Nature était généreuse à cette époque.
Il y a là notre ancêtre, un petit mammifère qui a survécu aux grandes catastrophes de la fin du Crétacé.
L'Homme ne descend pas du singe, il descend de la souris !
Espéranza, musée des dinosaures
C'est bon, je peux me promener sur les routes sans craindre les tyrannosaures, seulement les chauffards, une race qui malheureusement n'est pas en voie d'extinction.
Je vais pique-niquer au bord de l'eau ...
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Ressentir l'énergie
Bugarach se mérite, la route monte là-haut, le paysage s'ouvre, le pic est superbe.
Ce village est particulier, ici des forces surnaturelles sont à l'oeuvre, elles auraient protégé de la fin du monde de 2012 ses habitants ... si elle avait eu lieu.
D'ailleurs, sans ces forces, je n'aurais jamais réussi à monter jusqu'ici !!
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Bugarach
À l'entrée du camping, une femme en voiture s'arrête "oh je n'ai jamais vu ça ! Vous faites le tour du monde ? ... non .... Vous faites le tour de France ? ... non ....". Je n'aime pas décevoir les gens, j'aurais dû dire "oui, j'ai traversé la Sibérie, l'Himalaya, l'Afrique ... 3 ans que je pédale à travers les 5 continents ..." juste pour embellir son imaginaire.

Tous les vendredis soir, c'est le marché paysan, en musique ! Des tables, des bancs, de quoi manger, de la bonne bière artisanale, l'ambiance y est très agréable.
Une jeune femme vient discuter avec moi, elle est intriguée par mon vélo. Elle dessine et travaille sur un projet de livre sur l'Aude, elle est ici pour croquer quelques paysages sur le pays de Bugarach et parcourt les environs à la recherche de beaux points de vue. Je suis admiratif de son talent.
Le camping est une aire naturelle avec un grand gîte pour les randonneurs.
Le ciel est pur, les étoiles décorent la voute céleste, je serais bien resté là pour les contempler mais le sommeil est le plus fort.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Bugarach

Jour 12 de Bugarach à Latour-de-France

Je quitte à regret cet endroit, j'ai adoré, ce sera mon meilleur souvenir de cette randonnée.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Bugarach
Et ça grimpe toujours ... ce n'est pas un problème, de bon matin j'ai la forme.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Pic de Bugarach
J'arrive au col de Linas ... 667m d'altitude ...  c'est tout ? J'avais l'impression de faire un col himalayen !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, col de Linas
Et c'est parti pour la grande descente, avec l'élan je devrais arriver jusqu'à la mer sans un coup de pédale ! A commencer par les gorges de Galamus, étroites, profondes, une route taillée à flanc de falaise, waouh, c'est beau !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Galamus
  La lumière du matin n'est pas idéale pour les photos ...
Excès de vitesse
La descente continue sur St Paul-de-Fenouillet, je vole ... Je fais quelques courses. A la boulangerie je prends le dernier pain au chorizo, la boulangère me prévient gentiment "c'est du chorizo fort".
Je prends la grande route jusqu'à Maury ... ça décoiffe, vent dans le dos, bitume super roulant, et grande descente, je m'envole pour de bon ... 53km/h ... oh là, jack, sois raisonnable (!).
Je m'arrête pour le casse croute sur un petit pont, sous lequel coule une rivière cristalline, et je confirme, le chorizo, c'est bien du fort !
La végétation a radicalement changé, je suis au milieu de vignes magnifiques sur fond de château de Quéribus.

De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo, Quéribus
 La petite route me promène dans ces paysages méditerranéens.
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Le plus vieux
Puis Tautavel, un haut lieu de la préhistoire, et pour cause, ici ce ne sont pas les 15 000 ans des magdaléniens, mais plutôt 450 000 ans !! et pas moins de 150 000 générations qui nous séparent ... j'en ai le tournis !
Tautavel
 Il devait être un robuste gaillard, grand comme moi, mais autrement plus musclé ! C'était un sacré tailleur de pierre pour faire ses outils du quotidien, par contre il ne connaissait pas le feu, soit, il en avait très peur, soit il n'en voyait pas l'utilité.
 Il n'est pas très rassurant, dans la réalité ce devait être un sacré rustre, parfois cannibale ...
Ce n'est pas tout mais l'heure a tourné, l'après-midi est bien avancée, et pour rejoindre Latour-de-France, j'ai le vent de face additionné de quelques côtes, j'arrive à 19h, enfin !
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Au camping, un snack-restaurant très correct, il y a du monde, c'est samedi soir, ce sont les locaux qui viennent manger ici.

Jour 13 de Latour-de-France à St Marie-la-Mer

Ah mince, c'est la dernière étape, plus que quelques kilomètres, et je serai au bout de mon voyage ! je recommencerais bien ...
De l'Atlantique à la Méditerranée à vélo
Je roule sur une petite route, tranquille, il fait bon ... je redoutais le coup chaud mais la tramontane a bien rafraîchi.
Ma trace m'emmène au départ de la voie verte ... ah non, y a comme une petite erreur, ce n'est pas ici.
Tant pis ce sera la route directe jusqu'à la mer !

Vainqueur
La voili, la voilou, la mer qu'on voit danser le long des golfes clairs ... ♬♩♪ j'y suis !!! youpi ! fortiche le mec tout de même !! et à vélo s'il vous plait, 650km et 4500m de dénivelé ! waouh ...
Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ?? à part réfléchir au prochain trip ?

Je m'installe dans un camping en bord de mer.
La moitié est un camping classique, à l'ancienne, l'autre moitié est une résidence de mobilhome, aseptisée, artificielle, ou la nature n'a plus sa place ... cette évolution des campings me fait peur ! Autrefois, le camping était un espace de vacances populaire, il se transforme en un espace élitiste, très loin de l'esprit originel de simplicité, de convivialité, de nature, d'accès à tous.
Je pars faire un petit tour sur la promenade. Sur une petite place, les locaux se retrouvent autour d'un orchestre de musique traditionnelle catalane et dansent.
C'est pas chouette de finir en musique ?

Jours 14 et 15 Perpignan et retour

C'est pas tout mais il faut revenir à la maison, j'ai une journée de transition, j'en profite pour aller voir des amis sur la commune d'à coté, et rejoindre mon hôtel à Perpignan, mon train est à 7h21 demain matin.
Je me promène dans le centre ville, quelques pas dans le quartier gitan, la vieille ville, la cathédrale ... quelques mots à St Thérèse "merci pour cette randonnée, c'était merveilleux", puis les orgues se mettent à chanter, St Thérèse me susurre à l'oreille "c'est cadeau" ...
 Le lendemain matin, 6h30 je quitte l'hôtel dans la pénombre sous des trombes d'eau, direction la gare de Perpignan, le centre du Monde selon Salvador Dali (!), le train a 40 minutes de retard.
Fin d'après midi, Paris, le RER bondé, il fait chaud, la maison, je rentre le vélo au garage ... il a bien travaillé, il a besoin d'un peu de repos.
Lors de mes lectures dans le train du retour, une phrase d'un auteur américain m'a interpelé, "la vie rétrécit ou s'étend proportionnellement à notre courage". C'est ce que je ressens, même si le mot courage est exagéré pour un loisir. Plus simplement "qui n'ose rien, n'a rien" ... J'ai osé partir en voyage à vélo, et j'ai eu beaucoup en retour !

Commentaires

  1. Désolé, mais à Foix, ce n'est pas la Garonne, mais l'Ariège qui coule près du camping.
    Vu par un Belge.
    Amitiés.

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    Réponses
    1. Aie !! mais c'est vrai ... bien vu !! et en plus par un Belge ... j'ai honte !!
      Pourquoi me suis-je mis en tête que c'était la Garonne ? peut-être la grandeur de la rivière à cet endroit, plutôt imposante ...
      Merci, en espérant que cette erreur n'aura pas gâché la lecture du récit !
      Jacques

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