En vélo le long de la Mer du Nord

La canicule m'a chassé du Sud où je voulais aller, je repars cette fois-ci vers le Nord.
J'ai choisi les Pays-Bas, la patrie du vélo, en longeant la Mer du Nord de Dunkerque à Amsterdam.
Ce n'est pas le bout du monde, j'aurai l'assurance d'une météo bien plus supportable, et je l'avoue, avec beaucoup moins de côtes à grimper !

Face au dérèglement climatique, j'ai choisi de voyager en vélo, en m'aidant du train pour aller plus loin. Le bilan CO2 de ce type de voyage est quasi nul, je pars la conscience tranquille.
J'aime bien voyager ainsi, partir à la découverte de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, découvrir le monde pour mieux le comprendre.

Ce périple s'est déroulé du lundi 29 Juillet au mercredi 7 Août 2019.

1er jour de Dunkerque à Middelkerke

J'ai choisi de démarrer mon périple à Dunkerque, le TGV est direct depuis Paris, et chose rare, il accepte encore les vélos ...
Me voici, par un beau soleil, à la sortie de la gare, enchanté de repartir en voyage en vélo !

 Je me dirige vers la mer et passe à coté des superbes bateaux du Musée Maritime.

Quelques paysages post-industriels, fin de siècle ... l'imagination vagabonde ... notre monde dans quelques années ne sera t'il plus qu'un tas de ferraille rouillée ?

Puis Malo Les Bains, de beaux immeubles, une belle promenade, la plage immense, c'est beau, ce périple commence bien ! 

La Belgique n'est pas loin, une intersection, une station essence au nom inconnu qui vend des alcools et des cigarettes, ah ! ça y est, la frontière, cette ligne imaginaire, virtuelle, passe ici, je suis en Belgique. La frontière est un concept étrange, "vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà" disait Pascal, pourquoi donc tout change en quelques mètres ? C'est d'abord une frontière culturelle ... 

Les belges ont eu l'intelligence de disperser tout le long de la côte des oeuvres d'art contemporaines tout à fait étonnantes, je reste interloqué à chaque découverte.

Une soucoupe volante ? les envahisseurs sont ils déjà parmi nous ? en fait non, c'est une oeuvre d'art Schtroumpf ! 

A Nieuport, je prends le bac pour passer sur l'autre rive, il est petit, gratuit, un peu de monde, je dois passer mon tour et attendre le passage suivant. C'est l'occasion de bavarder avec les cyclistes qui font eux aussi la queue sagement, mes voisins sont allés jusqu'à Saint Jacques de Compostelle, le vélo ils connaissent, la France aussi.

Sur la rive droite, il y a une réserve naturelle, pas besoin de panneau pour comprendre, il y a une quantité impressionnante d'oiseaux dans les vasières et sur la plage.

 Au bout de la jetée Est de Nieuport, les pêcheurs,

 Le phare de Nieuport,

Je monte tout doucement vers le Nord, je découvre la Mer du Nord petit à petit, des plages dignes d'un grand océan, mais bien calmes aujourd'hui. Avec ce soleil, je m'y baignerais bien, mais la température de l'eau me dissuaderait bien vite !

Une partie de la côte est bétonnée, parfois un peu beaucoup ...

Le camping est principalement composé de bungalows, je suis relégué dans un petit espace derrière le snack, un cycliste à la pipe est déjà installé, il se fait un barbecue ... 

Restauration rapide

J'ai la flemme de me faire à manger, alors je vais au snack et après bien des difficultés, je réussis à commander une bière et une pizza. 

Je sirote ma bière avec plaisir tout en écrivant mes souvenirs de la journée sur mon carnet. Les jeunes serveurs ont l'air un peu débutants et débordés, le temps passe, j'attends patiemment ma pizza. Mais après avoir remarqué que mes voisins de table, arrivés après moi étaient déjà repartis, je dus me rendre à l'évidence que j'avais été oublié et que j'étais transparent ! Après un rappel, ma pizza arriva dans les 5 minutes, dure, salée, un truc que l'on mange parce qu'on a faim ... A nouveau, je dois me rendre à l'évidence, les snacks de camping sont à éviter à tout prix, ceux de Belgique ne dérogent pas à la règle !

Je finis la soirée sur la plage, magnifique coucher de soleil, couleurs douces, ciel bleu nuit, le calme, magique.

2 eme Jour de Middelkerke à Breskens

La nuit a été bonne, j'ai dormi d'un trait jusqu'à 6h du matin ... il n'y a qu'en randonnée où je dors aussi bien malgré des conditions spartiates.

L'étape du jour débute par la longue promenade en bord de mer jusqu'à Ostende.

Le sable s'est accumulé le long de la digue et parfois, avec le vent, il a débordé sur la promenade, rendant le passage délicat à vélo.

Des travaux sont engagés pour dégager la digue et refaire une dune intermédiaire.

J'adore ces sculptures, symboles de la société de consommation et du jetable, qui détruit aussitôt construit ...
Et ce petit immeuble ancien en arrière plan ... écrasé, étouffé par les nouveaux, une belle allégorie du toujours plus.

 Si les belges ont bétonné leur front de mer, ils se rattrapent par des réalisations artistiques très réussies.

A Blankenberge, depuis la jetée du pavillon, on a une vue aérienne sur la plage.

Ces fronts de mer sont très agréables, mais à vélo, il y a du monde et il m'est difficile d'aligner les kilomètres, j'avance doucement, surtout que j'ai envie d'en profiter, je m'arrête souvent pour admirer, prendre une photo, faire quelques courses alimentaires. Mon attention est soutenue en permanence, j'ai des paysages nouveaux à chaque coup de pédales !

A Zeebruges, pour traverser sur l'autre rive sans faire le grand tour du port, il faut passer le pont sur les écluses. Le pont est levé pour un bateau, qu'à cela ne tienne je vais au second pont ... trop tard il se lève aussi, je ne suis pas le seul à attendre !

Knocke Le Zoute, belle station balnéaire, la piste cyclable s'enfonce loin dans un parc naturel ... même les lapins y ont leur statue.

Le Zwin, parc naturel, est aménagé pour la promenade et l'observation. En cette période estivale, les vélos y sont nombreux.

Et puis, les Pays-Bas sont là, tout près, j'y rentre sans m'en rendre compte, sauf un détail, les pistes cyclables ... bien plus larges, bidirectionnelles et faites avec un beau bitume lisse très roulant.
Le marquage des pistes est bien présent, je reconnais la LF1b, la route de la Mer du Nord. La piste chemine dans les dunes avec de beaux paysages, elle monte et descend, un vrai plaisir à parcourir.
Un très beau phare m'accueille à Breskens pour la fin de l'étape du jour.

Ce soir, je suis dans un petit camping à la ferme, au milieu des champs, une moissonneuse passe à quelques mètres de la tente. Un camping tranquille, ambiance familiale, mon voisin vient me prêter un marteau pour que je puisse planter mes piquets, il parle quelques mots de français.

Débranche
Ce soir pour le dîner, ce sera nouilles chinoises, un reste de salade de midi, un kiwi et un pancake.
Au moment de faire chauffer l'eau de mes nouilles, surprise, impossible de brancher mon thermoplongeur, la prise est légèrement différente des nôtres ! Je croyais qu'en Europe nous étions tous avec les mêmes normes électriques, il subsiste quelques disparités, semble t-il. Heureusement cette année, je suis parti avec une petite gamelle et un réchaud à combustible solide, un dépannage qui tombe à pic !

3eme jour de Breskens à Rockanje

Lever du jour sur le camping à Breskens

Le temps est gris ce matin, à 8h je suis parti, je saute dans le bac pour la traversée de l'Escaut, il part aussitôt ! Un bateau de belle taille uniquement pour les piétons et les cyclistes. Me voici en croisière sur l'estuaire de l'Escaut.

Payer cash
A Middelbourg, je cherche un distributeur bancaire, parce qu'ici, la plupart du temps je dois payer en espèces. Google Map me conduit à l'entrée d'une petite galerie marchande, ça tombe bien, il y a là un petit supermarché, il faut le savoir parce que dehors cela paraissait en ruine. Ce supermarché d'ailleurs ne veut pas de ma carte Visa, je dois payer en "cash". En quittant la caisse, j'aperçois une machine ressemblant à un distributeur, voici mon dab que je cherchais !

Chute d'eau
Au dehors, il pleut ... j'attends que l'averse passe en espérant que le soleil reviendra bien vite, je n'aime pas la pluie.
Je me décide à partir, la pluie revient en route, mais elle n'est pas méchante, une grosse bruine, faut bien que je m'y fasse, je suis aux Pays-Bas !
A priori, j'ai tout prévu, tout est à l'abri de l'humidité, je range mes affaires dans des poches de compression, et mes appareils photos sont aussi protégés dans des poches plastiques.
Si cette bruine continue, il faudra bien que je mette aussi mon téléphone au sec ... mais ce n'est pas commode pour suivre mon chemin, je m'en sers en permanence.

Quand enfin je décide de le mettre à l'abri, la pluie cesse ...

La cata
Je m'arrête dans un bar au fond d'un parking, genre Bagdad Café, je suis tout seul, je vais pouvoir souffler et me sécher un peu.
Je décide d'envoyer un message à ma chérie avec une photo, je lance l'appli photo ... et puis impossible de prendre la photo ... oh, bizarre, je dirais même plus, bizarre.
Il a dû prendre l'eau, je l'essuie, le sèche, le réchauffe, lui parle gentiment, rien n'y fait, l'écran tactile ne répond plus.
Je bois mon café pour me réconforter, et commence à imaginer les conséquences d'une telle panne ... plus de trace pour suivre mon chemin, plus de Google Map pour trouver les magasins, plus de topo avec l'adresse de mon camping du soir, et ... impossible de dire à ma chérie que tout va bien, enfin presque bien !
Je ressors un sèche cheveux de mes sacoches et profite des prises de recharge vélo pour chauffer, sécher encore et encore ce foutu smartphone ! Peine perdue, il refuse de m'accompagner plus loin que ... d'ailleurs où suis-je ? j'ai une vague idée ... à force de triturer dans tous les sens mon appareil, j'arrive à retrouver ma carte avec ma trace, mais à une échelle grossière, c'est mieux que rien !

Moi qui croyais que mon téléphone était étanche au moins aux éclaboussures, que nenni, rien du tout, quelques gouttes et il est foutu !
Je repars, à peine contrarié ... mais comment vais-je faire ?

Le vent fripon
Des paysages grandioses m'attendent ! A commencer par l'Oostercheldekering, un immense barrage de 9km de long, le vent souffle, il pousse fort, j'ai l'impression d'avoir un vélo électrique..

Arrivé sur l'ile de Neeltje-Jans, je tente d'aller sur la digue. Le vent souffle si fort que je n'arrive pas à avancer et je risque de me faire coucher par terre ... je n'insiste pas !

Un peu plus loin les kitesurfs s'en donnent à cœur joie.
L’île est en grande partie protégée, et les surfeurs doivent marcher sur plusieurs km pour venir jusqu'ici(à moins de venir à vélo).

Au village de Haamstede, je cherche à tout hasard une boutique de smartphone, j'en trouve une faisant du matériel multimédia, elle ferme le mercredi après-midi ... et nous sommes mercredi après-midi !
Je continue, et j'arrive tout de même à suivre ma trace, mais ce n'est pas commode.
A nouveau dans les dunes, en pleine nature, et parfois ça grimpe bien !
Ici 25% !! pour moi c'était de la descente, mais même en descente, ce n'est pas très rassurant !

 Une nature magnifique, grandiose, plages et bancs de sable jusqu'à l'horizon.

J'arrive sur la digue de Brouwersdam, encore une construction gigantesque, avec la piste cyclable au sommet, et cet après-midi le vent souffle en tempête ! heureusement dans le dos !! Plus loin, festival de kitesurf !

Le sable vole, il pique les bras et les jambes, vite je dois sortir de cette zone !

Je roule à 20km/h sans pédaler !! je vole ... et en pédalant je pourrais passer le mur du son !

Aujourd'hui avec ce vent, les kilomètres avancent tout seul, j'aimerais en profiter, prendre du plaisir, mais j'ai en fond cette histoire de smartphone qui tourne dans ma tête et me gâche ma journée.

Voici à quoi ressemblent certaines petite routes aux Pays-Bas, en rose les pistes cyclables, le restant pour les voitures qui doivent se débrouiller ... en France c'est exactement l'inverse.

A nouveau des dunes et la Mer du Nord tout au loin, grandiose.

J'ai en mémoire l'endroit où se trouve mon camping, mais à peu près, je dois le retrouver, pas facile, je teste des routes sans succès, je décide de suivre des panneaux pour un autre camping ... et en chemin un panneau indicateur "camping Van Den Burh", oui ! c'est celui là !! je m'en souviens !
Il reste une place ! Bon, ça va, je n'ai pas la malchance tout le temps ! Quoique ... 2eme soir sans bière !! ici par de bar, oh, c'est dur !
Si aujourd'hui j'ai réussi à faire mon étape comme prévu, pour demain, je ne me souviens de pas grand-chose, ça va être plus difficile.

Allo ?
Comment faire pour dire à ma chérie que tout va bien, que c'est juste mon téléphone qui est en panne ? ... ma voisine parle quelques mots de français, je ne vois que cette solution, lui demander de me prêter son téléphone ... enfin je peux respirer, j'ai passé les nouvelles !
Ah, la technologie, on lui fait confiance les yeux fermés, on compte sur elle, mais elle est ingrate et vous laisse tomber à la première occasion !

Ce camping est presque parfait, calme, spacieux, herbe verte, eau et électricité à porté de main, sanitaire propre et fonctionnel, tout cela pour 15€, que demander de plus ? à part une bonne bière fraîche ... ?
Cette fois ci, j'ai fait attention au choix des campings, pas comme l'année dernière en Belgique où j'avais passé de mauvaises nuits. Je n'ai prévu que des petits campings ou camping à la ferme, et pour l'instant, je ne suis pas déçu, autant pour le prix que pour la quiétude, sans parler des équipements.

4eme jour de Rockanje à Schipluiden (près de Delft)

Aujourd'hui, j'ai une mission, me trouver un smartphone, sinon ma rando va devenir galère, avec impossibilité de donner des nouvelles, de trouver les supermarchés et le camping du soir, ou tout simplement de savoir où je suis, je n'ai même pas de carte papier.

Le temps est humide ce matin, et c'est une belle averse qui m'arrose copieusement, je tente de m'abriter sous les arbres mais cela ne marche qu'un certain temps. C'est là que je peux constater que mon imper n'est pas vraiment imperméable ...

Smartphone je te haime
Je traverse la belle ville de Brielle à la recherche d'une boutique de gsm ... j'ai l'impression d'en voir partout tant j'ai envie d'en trouver une ... et puis "GSM Brielle", oui c'est une boutique qui a bien en vitrine des smartphones !! sauvé !!

Par contre avec un anglais niveau scolaire, va falloir que j'explique mon problème pour une tentative de réparation ou en acheter un autre, je ne peux pas ressortir de là sans un téléphone en état de marche !
Le technicien réussi a faire un reset de mon smartphone, ce que je n'avais pas su faire, mais cela ne suffit pas à lui rendre la vie. La boutique n'a pas beaucoup de choix, tant pis, je prends un bas de gamme mais tout à fait correct. Je suis soulagé, je peux déjà téléphoner ! Reste à retrouver mes applications fétiches, ma trace gps ... etc.
Je m'installe au café du coin, et tente d'installer quelques logiciels, mais Google et sa sécurité me bloquent, je dois valider un code sur mon mail que je ne peux pas installer ... !! Après une heure de galère, je n'ai toujours rien, je verrai ce soir, au calme ! J'ai au moins Google Maps pour trouver boutiques et campings, j'en profite pour faire mes courses.

J'ai déjà perdu beaucoup de temps, je n'ai quasiment pas avancé aujourd'hui, je décide de couper l'étape du jour en deux, je vais pouvoir rouler cool, soulagé, je me sens plus léger, le portefeuille aussi (!).
J'approche de Rotterdam, paysages industriels de béton, de métal, de bitume, mais le vélo y est toujours aussi présent, des routes cyclables partout, c'est vraiment le paradis du cycliste ici !

Pour passer le Nieuwe Waterweg, il y a un bac. Nous sommes plusieurs cyclistes à attendre, et à se poser la question, payant ? où acheter un ticket ? Il y a bien un distributeur, l'écran en plein soleil et en langue flamande est illisible ! jusqu'à ce qu'un local nous dise que l'on paye directement sur le bac, beaucoup plus simple, 1,40€, c'est pas la ruine.

Ce n'est plus la Zélande, les paysages sont différents, les petites villes sont très belles avec des canaux, on est bien dans le plat pays, l'eau est partout.

 En campagne, de l'eau, des canaux, des prairies bien vertes, la sécheresse ici, connais pas.

Bêêê
Je cherche un camping, le premier est à 300m d'une autoroute ... non, tant pis, j'en cherche un autre, il me faut revenir sur mes pas, où je suis déjà passé cet après-midi. Celui-ci est parfait, tout petit, je suis face à une prairie avec des moutons, au calme, à part quelques bêlements de temps en temps (!).

Café des sports
Je vais jusqu'à la ville toute proche pour déguster enfin une bonne bière ... un petit bistrot "Café Sports", je me croirais revenu en Gascogne ou en Provence ... le patron parle anglais, comme tout le monde ici, même les caissières des supermarchés, les hollandais parlent tous l'anglais, et bien souvent un peu de français. Je me sens un peu ridicule avec mes trois mots d'anglais que je bredouille de temps à autre.
Je me remets au travail sur mon nouveau smartphone, cette fois-ci c'est bon, je peux enfin télécharger mon appli gps AlpineQuest, ma trace, mon topo, je vais pouvoir repartir le cœur léger !

Pépé raconte
Mais tout de même, cette question, aujourd'hui, peut-on vivre sans smartphone ? J'ai souvenir de vacances en Corse avec ma chérie, durant un mois, on envoyait une carte postale, et puis c'est tout.
Une carte Michelin pour se guider, on ne se compliquait pas la vie, il n'y avait pas autre chose, et ce sont les meilleures vacances que j'ai jamais passées !
Aujourd'hui, on est trop connecté, même en vacances, on continue les mêmes routines que le reste de l'année, on est esclave du smartphone. Certes, mais c'est un outil très puissant pour le randonneur à vélo, le gps, les cartes, les itinéraires, les mémos, les commerces ... tout y est concentré et évite d'emmener une bibliothèque avec soi, alors forcément, en cas de panne, on se retrouve perdu. De plus pour le téléphone, il n'existe plus les cabines téléphoniques que l'on trouvait à chaque coin de rue ou à la Poste ! (les PTT Postes et Télécommunications)

5eme jour de Schipluiden à Noordwijk

Au matin, je suis réveillé en sursaut par le crépitement de la pluie sur la toile de tente ... heureusement juste une averse.

Aujourd'hui je reprends pour de bon le cours de ma randonnée. Je suis tout près de Delft, ville célèbre, du peintre Johannes Wermeer, connu pour ses portraits "la jeune fille à la perle", ou "La laitière" popularisé par une publicité pour des yaourts (!). De même Delft est connue pour ses porcelaines blanches aux décors bleus, les magasins de souvenirs en sont remplis.

Zénitude

Je parcours des rues en bord de canal, des bateaux, des arbres, de belles maisons, un rayon de soleil, il y a peu de voiture, peu de circulation, c'est calme, les gens se déplacent à vélo.

Toutes les villes aux Pays-Bas sont ainsi, peu de voitures, très peu de motos, beaucoup de vélos, ce sont des villes apaisées, où on respire.

Pour nous français, c'est très étonnant, chez nous la bagnole est érigée en objet sacré, indispensable, intouchable, les motos omniprésentes, la violence routière y est un énorme problème, le bruit, la pollution, alors qu'ici rien de tout cela.

 Le centre ville est très touristique, je ne m'attarde pas ... une averse me cueille au passage.

La prise hollandaise
La mission du jour est de trouver une prise électrique compatible pour mon thermoplongeur, mes réserves de combustible diminuent à vue d'oeil. Je me retrouve devant un hypermarché du bricolage géant ! Je trouve ma fameuse prise "hollandaise" avec des ergots pour la prise de terre sur les côtés, j'y rajoute un petit tournevis, et je repars, mission accomplie !

Moche et chaud
Je traverse La Haye, une grande ville, pas très belle, pas de style, l'architecture est moche, ces grandes villes ont souffert de la guerre et ont été à l'époque détruites par les bombardements et reconstruites à la va-vite.
Pour ce midi je tente le Burger King, j'ai envie de m'assoir à une table sans m'attarder de trop ni me ruiner. Je trouve qu'il fait un peu chaud dans ce restaurant, je monte à l'étage pour trouver une table, mais la chaleur est ici intense, genre sauna ... il y a quelques convives qui discutent gentiment ... moi, j'étouffe, impossible d'ouvrir les fenêtres, je redescends, une table à coté de la porte ... un peu d'air, mais même là, il fait chaud. Il y avait manifestement un problème, mais tout le monde faisait comme si de rien n'était ...

Je passe devant la Cour Pénale Internationale. Ici sont jugés des auteurs de crimes de guerre et des génocidaires, travail oh combien difficile quand on sait que l'Amérique de Trump fait tout pour empêcher son fonctionnement, c'est dire qu'il ne doit pas avoir la conscience tranquille ...

Plus réjouissant, le pavillon de Scheveningen, aujourd'hui la Mer du Nord est déchainée, le vent souffle très fort, le spectacle est magnifique.

Poésie

La route cyclable ondule dans les dunes, 

elle m'offre des montées pour me réveiller, 

des descentes pour chanter, 

des zigzag pour jouer,

le vent est contre moi, 

je m'y glisse comme dans la soie, 

je me faufile, 

le vent me caresse, 

nous devenons amis.

A Katwijk, le vent du Nord à chassé les estivants. Des poubelles bleues décorent la plage, comme des sentinelles dressées face à nos déchets.

Les cabines de plage tournent le dos au vent et s'ouvrent au Sud coté soleil.

En bord de mer, le ciel est très lumineux, le soir devant le miroir, pas de doute, j'ai pris un coup de soleil ! C'est la sanction quand j'oublie la crème solaire.

What time is it ?

Je cherche un camping, il y a l'embarras du choix, mais point de mini camping ... Ici la réception ferme à 18h, trop tard ! Au bar on me dit qu'elle ouvre "at seven o'clock" ... mince, je ne vais pas attendre jusqu'à demain ?! ... et quand même dans ma petite tête, j'arrive à comprendre que 7h c'est aussi 19h !

Pépé raconte

Pas loin de ma tente, un groupe de jeunes allemands sont un peu foufou, un peu sans gêne, un peu bruyants ... je préférais le bêlement des moutons.

Autrefois, dans ma jeunesse (ça y est pépé radote ...), il n'y avait pas d'électricité sur les emplacements, encore moins d'enceinte bluetooth, même pas d'autoradio, pas de lampadaire dans les allées ... les campings étaient calmes.

6eme jour de Noordwijk à Castricum

Quelques averses dans la nuit, mais au matin, avec le vent, tout est sec.

Le temps est bien gris, le ciel bâché.

J'ai cassé mes lunettes en m'asseyant dessus, je dois rouler avec des lunettes de soleil, ce qui accentue encore plus l'effet de grisaille.

Penser vélo

Voici un exemple de route aux Pays-Bas, divisée en 3 parties : piétons, cyclistes et automobilistes, chacun son espace, pas de conflit, sécurité maximum. Si les hollandais savent le faire, les français devraient savoir aussi, non ? question d'état d'esprit, de volonté ...

Je reprends la route cyclable dans les dunes,

C'est samedi, les locaux s'entraînent, ils vont vite, très vite !

 

Zanvoort an Zee, avec ce ciel gris et tout ce béton sans âme, cela manque de charme. 

Quelques tentatives timides permettent de retrouver de la couleur et le sourire qui va avec ... quoique c'est pour nous rappeler "il n'y a plus de temps à perdre", le réchauffement climatique est notre pire ennemi. Sachant que les Pays-Bas vivent en partie sous le niveau de la mer, la montée des eaux va devenir un cauchemar pour les hollandais.

Sur la dune, un immense parking tout en longueur, avec de nombreux foodtrucks fish-and-chips ... hum, ils me font envie, mais il est à peine 11h du matin, c'est un peu tôt ...

 Sur la plage, de nombreuses cabanes, ça doit être sympa d'y passer quelques jours hors-saison.

 Cette grisaille a du charme, tant qu'il ne pleut pas.

A Ijmuiden, je prends le bac, cela permet d'éviter le grand tour du port. Je retrouve une mamie, de mon âge, et sa petite fille, une ado, elles voyagent à vélo toutes les deux, de Rotterdam à Texel, 50 km par jour.

A Wijk an Zee, il y a une petite fête locale, je me régale d'une bonne bière artisanale.

On est pas bien là ?
Au camping à la ferme, j'ai le choix entre devant près des sanitaires, ou tout au fond, près des chevaux ... alors qu'est-ce que j'ai choisi ? ... là-bas, près des bêtes et des jeux pour les enfants bien sûr !
L'herbe est d'un vert ! avec des limaces qui se portent bien et un cheval qui vient me voir monter la tente.

Le tarif ? 30€ cela me parait un peu cher ... sur 50€, elle me rend 37€ ... j'ai compris thirty au lieu de thirteen, j'ai des progrès à faire !!

Encore un camping au top, rien à redire, tout est parfait dans les moindres détails.
Ici, le parking à vélo, et des voitures à pédales pour les enfants. Il y a aussi un hangar aménagé avec tables de ping-pong et quantité de jeux pour les enfants pour les jours de pluie.
Aucun panneau indicateur pour arriver jusque ici, pas besoin, les bonnes adresses sont partagées entre connaisseurs.

Gastronomie
Cette année, j'ai emporté cette popote réchaud qui fonctionne avec du combustible solide, des petits cubes de "pétrole". C'est tout simple et elle fonctionne très bien. Elle m'a vraiment bien dépannée cette fois-ci alors que je ne pouvais plus utiliser mon thermoplongeur.

Souvent, le soir, je me fais des nouilles chinoises. On trouve facilement ces préparations lyophilisées pour un prix dérisoire. Toutes ne se valent pas, celles-ci étaient très bien, je n'y mets que la moitié des épices livrés.

7eme jour de Castricum à Edam

La ville de Alkmaar, toujours autant de vélos, tout est fait pour le vélo, ici le parking de la gare, il y a 3 étages comme celui ci, le plus dur est d'y trouver une place !

 Les intersections sont étudiées pour le vélo, avec bouton spécial vélo, ainsi qu'un système de feu intelligent qui détecte votre passage et fait passer le feu au vert quand on arrive.

Voilà comment sont les routes aux Pays-Bas ... si cela ne donne pas envie de faire du vélo ? alors quoi ? 

Le plastique, c'est fantastique

Je vais faire mes courses dans un de ces petits supermarchés. Les produits sont un peu différents de chez nous. Coté boulangerie, pas mal du tout, beaucoup de choix de petits pains très variés, l'idéal pour un cycliste en solo. Coté légumes, par contre tout est sous plastique, prêt à être cuisiné, ce n'est pas ce qui a de mieux à mon avis ... du plastique, beaucoup de plastique, et j'ai un doute sur la qualité de ces produits.

Direction Bergen an Zee, une belle piste cyclable, c'est dimanche, il y a du monde, beaucoup de monde à vélo, des familles entières, les enfants dans les vélos cargo ou sur les sièges de cadres, des remorques, des petits vélos, des grands, des électriques (pas tant que ça), c'est un défilé permanent, tout le monde va à la plage ! ... à vélo ... 

Il fait beau, le vent est tombé, il fait chaud !

Je quitte la Mer du Nord, je pars à l'opposé vers la Markermeer, une immense mer intérieure.
Entre les deux, des polders, des terres sous le niveau de la mer.

Basses terres
Et pour maintenir le niveau des eaux au plus bas, les hollandais ont inventé des pompes à vent, leurs fameux moulins. Autrefois il y en avait de partout pour remonter l'eau et maintenir hors d'eau des milliers d'hectare de prairies. Aujourd'hui ce sont des pompes électriques qui assurent cette fonction.
Le hasard de ma route à voulu que je passe devant le complexe de Molens, où l'on peut apercevoir une dizaine de moulins en parfait état. Un se visite, je n'ai pas manqué cette occasion !

Direction Edam, une piste cyclable sur les digues et une très jolie ville.

 Edam la ville du fromage.

Small is beautiful
J'arrive à mon camping, un panneau à l'entrée, il indique dans toutes les langues "Complet", mince alors ! bon je vais aller voir un autre camping, heureusement aux Pays-Bas, les campings sont nombreux, il y en a un peu partout.
Je m'apprête à repartir, le patron m'interpelle, et me dit qu'il y a de la place pour moi. Il est vrai qu'un cycliste et sa petite tente peut se caser n'importe où !! Pour 7€ j'ai ma place avec une belle table, juste à coté d'un petit étang et une barque à disposition.
Je vais faire ma promenade du soir sur la digue, je trouve impressionnant de voir la mer plus haute que les terres.

Ailleurs c'est mieux

Mon voisin de camping vient avec son fils voir mon vélo, il parle bien le français, il a séjourné en France quelques temps. Sa femme me demande pourquoi les français viennent aux Pays-Bas passer leurs vacances ? sous-entendu la France est bien plus belle ... Je réponds que c'est pour la découverte d'un autre pays, que les Pays-Bas sont très beaux et que la météo y est bien plus clémente, bien moins chaude qu'en France, dans le Sud il y fait vraiment trop chaud !

 8eme jour de Edam à Amsterdam

C'est ma dernière étape, déjà ? Comme d'habitude, ce périple est passé beaucoup trop vite.

Huit jours à pédaler de 60 à 80 km par jour, le pays est plat mais avec un habitat relativement dense ce qui ralentit la cadence, j'avoue être un peu fatigué ...

Aller-retour

Ce matin direction la ville de Volendam toute proche ... je m'aperçois qu'il me manque ma batterie chargeur, je l'ai oublié dans les sanitaires où je l'ai mise en charge. Je peste contre moi, j'ai horreur de perdre mon temps et mon énergie dans des trucs aussi bête ! Bon ... cela ne sert à rien, quand il faut, il faut !

Une heure après me voilà revenu aux portes de Volendam.

De superbes maisons en front de mer comme dans beaucoup d'endroits aux Pays-Bas. Des maisons coquettes, bien décorées, des jardins fleuris, aucune faute de goût, de belles couleurs, j'adore ce style de cottage.

 Au large un trois mâts est de sortie, Volendam est connue pour abriter quelques belles coques anciennes.

 Je suis un peu déçu, peu de bateaux aujourd'hui, tout de même ces deux belles barques !

Très touristique ... le top du kitch, se faire photographier en costume traditionnel avec des sabots !

Le vent souffle bien aujourd'hui, en sortie de ville ce moulin tourne à plein régime, magnifique à voir !

 Une belle après midi, j'enfonce bien ma casquette pour ne pas la laisser au vent, au vent fripon, prudence prend garde à ton jupon ♬

Elle est pas belle ma route pour Amsterdam ! certes ... un peu ventée ... comme un navire, je remonte au vent.

Camping sauvage
Le camping d'Amsterdam ne ressemble pas beaucoup à mes campings à la ferme précédents, mais il a l'air sympathique, bien organisé, une bonne ambiance de vacances, principalement des jeunes.
Je plante ma tente le plus possible à l'écart, à coté d'un enclos de chèvres, une attraction pour les enfants qui tournent autour avec de l'herbe ou des branches pour avoir les faveurs des bêtes.
La grande mode est le barbecue jetable, un récipient en alu, une grille, et charbon de bois, l'épicerie vend ces kits, après usage, on jette. C'est sûr, cela fait bivouac perdu dans la nature, feu de bois et grillades du poisson pêché dans la rivière ... la réalité est moins romantique, mais c'est déjà ça.

Demain, journée "repos" et balade dans Amsterdam.

9eme jour Amsterdam

J'ai une mission, trouver un billet de train pour rentrer à la maison ... une épopée, ou disons une galère que je raconte dans un post spécialement dédié Amsterdam-Paris en train avec son vélo !

C'est lui qu'il me faut

Je loue un vélo "hollandais", quoique je prends un modèle City bike avec des freins classiques à poignées. C'est vrai que c'est un vélo excellent, un peu lourd, mais très agréable à piloter, avec un très bon équilibre, il trace, il avance tout seul quand il est à sa vitesse de croisière entre 15 et 20 km/h. Je me régale, mais je ne suis pas habitué, les locaux foncent, il faut tenir sa droite et ne pas trop hésiter, ça va vite ...

 Sinon Amsterdam c'est comme ça :

 Dans certains quartiers d'Amsterdam très fréquentés, les nuits pour les locaux doivent être difficiles, une affiche,

 De partout des canaux et des vélos,

 A l'extérieur de la ville, les nouveaux quartiers, de grandes maisons, avec terrasses au bord de l'eau et embarcadères privés ...

 10eme jour Retour et fin

Amsterdam-Paris en train avec son vélo

Cé ki ka raison ?
Ce fut une belle expérience dans un pays résolument tournée vers le vélo, vers un mode de déplacement qui cumule tous les avantages, mais vraiment tous, je ne refais pas la liste, elle serait trop longue !
Dire que le pays est plat pour expliquer l'omniprésence du vélo n'est pas vrai, là-bas il y pleut bien plus qu'ailleurs, et le vent remplace les côtes.
C'est un état d'esprit, les hollandais l'ont voulu dès les années 70, ils ont compris très tôt les conséquences du trop plein de voitures, et ils ont tout de suite limité son expansion en construisant un vrai réseau cyclable. Aujourd'hui, le réchauffement climatique montre à quel point ils ont eu raison avant tout le monde.

Ça me broute
Ce périple a été fait avec brouter.de qui utilise un excellent algorithme pour préparer ses itinéraires gps. A savoir, pour sauvegarder une trace préparée sur brouter, il faut utiliser les favoris ou un copier-coller de l'adresse.

Nostalgie
J'avais emporté un vieil appareil photo argentique, j'expose sur mon blog photo ces clichés en Noir&Blanc En longeant la Mer du Nord.

A bientôt pour de nouvelles aventures à vélo !