J'avais envie de rouler, voir des paysages, de suivre un fleuve, réaliser le rêve du petit garçon qui voyageait déjà devant les cartes de France que l'instituteur accrochait au tableau.
Le Rhône avait une aura particulière avec sa naissance au plus haut des Alpes Suisses, sa traversée du Lac Léman et son déroulement jusqu'à son immense delta, la Camargue.
Il existe la vélo route ViaRhôna qui permet de descendre le fleuve depuis les bords du Lac Léman, j'ai voulu faire les choses bien, partir depuis sa source, le glacier du Rhône.
J'ai hésité, prendre le vélo couché ou le VAE ... après avoir fait la liste des avantages et inconvénients de chacun, j'ai opté pour le VAE pour son dosage des efforts en pays montagneux et pour sa bagagerie beaucoup plus simple dans les trains ... et des trains, il va y en avoir !
C'est ma fée Électricitie🧚♀️ qui va être contente, je l'emmène en voyage avec moi !
Jour 1 de trains en trains
La météo n'est pas parfaite, un ou deux jours de pluie se profilent dès le début, mais mon agenda est serré, je n'ai pas le choix, c'est maintenant ou jamais (!).
Ce premier jour doit me mener de la région parisienne jusqu'au centre de la Suisse, pas moins de cinq trains, plus le RER pour aller jusqu'à la Gare de l'Est à Paris. Avec un tel programme, je stresse un peu, heureusement que j'ai tout bien calculé, je vais y arriver (méthode Coué) !
Me voilà parti dans l'obscurité pour attraper le premier RER de 5h03, deux semaines de voyage commencent, là, sur le quai du métro ...
Comme d'habitude je descends à Denfert-Rochereau pour profiter de son large ascenseur, puis la traversée de Paris, très calme à cette heure matinale.
Mon premier train sera un TGV pour Nancy, j'ai un peu d'avance à la gare pour profiter d'un café-croissant.
Mon wagon est tout au bout du quai. C'est un ancien TGV avec un bel espace pour les vélos.
Mon second train est un TER pour Strasbourg, classique, avec un espace vélo riquiqui où l'on est sensé ranger son vélo accroché à des crocs de boucher ... ma monture pèse 29kg, impensable sans se faire un tour de rein (!), il restera là sagement, pas de problème tant qu'il ne gène pas trop le passage.
Je commence à respirer, à y croire à ce voyage.
Ça y est, je passe de l'état apathique de tous les jours, à l'état d'excitation du voyage ... fini les grasses matinées, les siestes, la routine, bonjour la vie trépidante du voyage, je passe en mode découverte, en mode aventure !
Le philosophe Vladimir Jankélévitch définissait l'aventure comme "la folle envie de profaner un secret, de déchiffrer le mystère de l’avenir" ...
À Strasbourg je dois changer de quai ... je voudrais éviter les escaliers mais il n'y a pas de plan incliné, reste l'ascenseur, tout petit, je dois me contorsionner pour dresser le vélo vertic
alement, ça passe au centimètre près !Puis le troisième train de la journée, direction Bâle en Suisse. J'embarque de justesse avec l'aide du contrôleur, trente secondes de plus et je ratais mon train. Je ne me souvenais pas que cette correspondance était si courte (!). Après vérification de mes billets, effectivement j'aurai dû prendre le train suivant.
Gare de Bâle, j'ai un peu de temps pour me restaurer, il y a tout ce qu'il faut comme boutiques.
La monnaie ici est le Franc Suisse, et comme je doute de ne pouvoir tout régler avec ma carte Bleue, je vais retirer des espèces sur un distributeur d'un bureau de change ... le taux de change me parait un peu exagéré, tant pis pour moi, j'aurai dû y penser plus tôt.
Il faudra que je fasse attention, la vie est chère en Suisse, et pour chaque débit de carte Bleue, j'aurai des frais de change supplémentaires.
J'embarque dans mon quatrième train, le contrôleur est au petit soin pour moi pour placer mon vélo et me fera cadeau d'un jeton pour la machine à café, tout cela en parlant moitié italien moitié allemand, ça va, je comprends.
Je suis dans un train Suisse, moderne, silencieux, confortable, son terminus est Locarno sur les bords du lac Majeur, pour moi ce sera Göschenen. Les paysages sont magnifiques.
Gare de Göschenen, je n'ai que quatre minutes pour changer de train, mais rater son train en Suisse, ce n'est pas bien grave, le suivant est 30 minutes ou une heure après.
Le logo vélo sur la vitre m'interpelle, la contrôleuse m'explique que si je reste debout, je dois me tenir fermement à la barre ... le train va grimper 500 m de dénivelé en quelques kilomètres.
C'est un train à crémaillère qui monte à Andermatt, mon terminus de cette première journée ... Très impressionnant la pente que grimpe ce train !
Je m'installe au camping sous un soleil radieux, tout heureux d'avoir réussi cet exploit de transport ferroviaire.
La soirée est belle, à peine fraiche, le soleil disparait derrière la montagne pour laisser place à la nuit étoilée.
Jour 2 Le Rhôneglestcher
Je ne suis pas encore à mon point de départ. Pour atteindre le Rhône, je dois passer le col de la Furka à 2500 m d'altitude. Deux solutions s'offre à moi, soit le passer en vélo, et à priori c'est faisable avec ma fée Électricitie🧚♀️, quoique un peu limite, soit le passer en train (!). C'est ça qui est incroyable en Suisse, il y a des trains de partout.
Je m'avance jusqu'à Réalp, le terminus de la ligne d'hier soir d'où part un autre train à vocation touristique. C'est un train à vapeur qui relie les deux vallées via un tunnel sous le col de la Furka.
Seul le premier train du matin peut transporter les vélos, et c'est une machine diesel.
La petite gare est animée, c'est une association qui s'occupe de cette ligne, ils sont tous enthousiastes.
Un des contrôleurs parle français et fera tout pour m'aider à monter le vélo dans le wagon des marchandises.
Ce voyage en train est magique, il chemine dans cette haute vallée alpine aux vertes prairies, par-dessus le torrent, au milieu de nulle part ... le soleil du matin illumine la vallée, c'est sûr que ce seront les plus beaux paysages de mon voyage !
Après un arrêt en pleine montagne pour décharger du matériel, le train repart au travers d'un long tunnel. Le contrôleur a prévu un arrêt spécial pour moi juste à la sortie, au plus haut de la ligne, tout près du glacier du Rhône, ambiance "Il était une fois dans l'Ouest".
Je rejoins la route par un chemin caillouteux, je suis au tout début de la vallée du Rhône, toutes les eaux qui coulent ici le rejoignent un peu plus bas.
Le glacier n'est plus bien loin, la route est fréquentée par de grosses motos et voitures de sport, je retombe dans un autre monde, celui du bruit et de la pollution.
J'aperçois le Rhône, tout en bas, c'est lui que je veux accompagner tout au long de son périple jusqu'à la mer.
Le parking est tout petit et saturé. J'ai du mal à trouver un endroit ou poser mon vélo de façon sécurisé.
L'accès au site est payant ... mais quel site ! grandiose !
C'est le glacier du Rhône, impressionnant, je n'avais jamais eu l'occasion d'en approcher un de si près. Les rochers sont glissants, la glace les a polis pendant des milliers d'années.
Avec le réchauffement climatique, les glaciers fondent, et cette fonte s'accélère depuis 20 ans. Le lac n'existe que depuis 2013 à peine. Rien qu'en 2022, le glacier a perdu 10 mètres d'épaisseur.
Un message sur Twitter a été vu 5 millions de fois, 15 ans seulement séparent les deux photos ...
Un morceau du glacier est sauvegardé sous des bâches, une galerie y a été creusée pour que l'on puisse le voir de l'intérieur.
La glace est d'une grande beauté, remplie de bulles d'air emprisonnées il y a plusieurs milliers d'années.
Par endroit la glace est d'un bleu sublime ...
Toutes les gouttes qui tombent et coulent le long des parois sont la naissance du Rhône.
Le fleuve commence sa course par un beau torrent qui dévale en cascade la falaise jusqu'en bas dans la vallée.
Je remonte sur mon vélo, mon voyage commence pour de bon, je vais moi aussi dévaler la pente inexorablement jusqu'à la mer, nous allons cheminer ensemble ...
Avec ma frêle monture, il me faut affronter le trafic routier. C'est à celui qui aura la plus grosse machine, qui fera le plus impression, c'est un étalage indécent de richesses destructrices de notre planète.
Mes sentiments sont partagés entre l'émerveillement et le désarroi ... la surdité de mes concitoyens envers le réchauffement climatique est affligeante.
J'ai la chance de croiser le train à vapeur qui remonte la vallée.
Après une belle descente , je peux faire ma première photographie du Rhône, tout neuf, arborant une belle couleur glaciaire. Il est fougueux, vif, enjoué ...
Mais la circulation automobile, elle, n'est pas à la fête, un immense embouteillage bloque toute la vallée. En vélo je peux me faufiler et avancer jusqu'au noeud du problème ... un grand bus de tourisme a trop serré un virage étroit et a posé son arrière sur le bitume. Il est bloqué ... impossible d'avancer ni de reculer. Seuls les vélos et les motos peuvent passer.
La lumière est belle, la petite route est tranquille et m'offre de beaux paysages.
Les villages ont gardé leurs caractères anciens et montagnards avec des chalets tout en bois et des granges à foin toujours en service.


Encore quelques kilomètres pour atteindre le camping, je ne suis pas pressé, c'est tellement beau !
J'ai bien fait d'en profiter, en soirée, la météo change du tout au tout, les orages débarquent, j'ai eu le temps de me préparer, il ne me reste plus qu'à me réfugier sous la tente, et espérer que ce ne sera pas trop méchant.
Jour 3 Sous la pluie
An matin, la pluie crépite doucement sur la toile ... je réfléchis à la méthode la plus appropriée pour ranger mes affaires et les garder au sec.
Je bénéficie d'une petite accalmie alors j'accélère mon rangement avant que la pluie ne revienne.
J'ai tout prévu pour rouler sous la pluie, mais ce matin ce n'est qu'une petite pluie, heureusement parce que côté chaussures, rapidement elles font floc-floc, mes protections sont nettement insuffisantes.
Les paysages ont changé, je trouve beaucoup de charme à cette grisaille et ces bancs de brumes qui habillent la montagne.
En chemin, une passerelle himalayenne mérite un arrêt. Elle permet de relier le village de Muhlebach à l'autre côté de la vallée, elle passe au-dessus des gorges du Rhône, une zone sauvage faisant partie du Parc Naturel Landschaftpark Binntal.
C'est une balançoire géante ! ce doit être très impressionnant les jours de vent !

Du fond de la vallée, on peut accéder à un grand domaine alpin d'altitude où se trouve les plus grands glaciers de la chaîne des Alpes, un téléphérique part d'ici, sur le même quai que la gare, sinon il y a aussi un grand parking permettant de lâcher sa voiture quelques jours...
Ce matin j'ai quelques soucis avec ma fée Électricitie🧚♀️, son aide est aléatoire, elle faiblit d'un cran, et parfois s'arrête complètement. Je suis inquiet, la pluie n'a pas l'air d'avoir plu à ma fée ... je dois couper et remettre en service pour retrouver un fonctionnement normal durant quelques kilomètres.
Si ma Fée Électricitie🧚♀️ m'abandonne, je serai obligé d'arrêter mon voyage ...
Je fais quelques courses dans un petit supermarché de village ... difficile de trouver quelque chose de correct, je repars avec une sorte de sandwich brioché à la crème aux oeufs (?), une banane, et du chocolat suisse ... le sandwich est écoeurant et la banane est immangeable, à la poubelle direct, heureusement le chocolat sauve l'honneur de la "gastronomie" suisse.
Parfois un chauffard vous rase pour montrer qu'il est le plus fort et que la route lui appartient, heureusement c'est rare (j'ai édulcoré mon propos pour ne pas risquer la censure 😅...),
et l'itinéraire se déroule principalement sur de petites routes très calmes.
Le temps s'améliore petit à petit, le soleil revient en milieu de journée.
Je longe le Rhône, je ne le quitte pas des yeux, il s'étoffe au fur et à mesure, il coule, il court ...
Je me surprends à fredonner des chansons qui remontent du fond de ma mémoire.
🎵Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive Elle court comme un ruisseau, que des enfants poursuivent Courez, courez vite si vous le pouvez Jamais, jamais vous ne la rattraperez ...🎵
Paysages de chalets et de vignes sur les flancs de la vallée exposés au sud.
La Suisse n'est pas faite que de vertes prairies où paissent des vaches, c'est aussi un pays industriel ...
En chemin le village de Niedergesteln.

Je rallonge mon étape pour atteindre le camping suivant à Sion, cela me fera 100 km pour aujourd'hui, l'étape de demain sera plus tranquille.
Le camping est principalement occupé par des résidences avec quelques places misérables pour les tentes tout au fond ...
Ma tente est encore bien trempée de la pluie de ce matin, je dois attendre qu'elle sèche avant de m'y installer.
Par contre il y a un bar-restaurant animé, et ce soir des musiciens de jazz mettent une bonne ambiance.
Je fais un petit feu dans un barbecue pour parfaire le séchage de mes chaussures, mais aussi pour le plaisir de regarder danser les flammes et sentir leurs douces chaleurs.
Quand je pense que j'avais hésité à partir à cause des prévisions météo. L'épisode fut court, je l'ai passé sans trop de difficultés, mais je reconnais que je serais bien incapable d'affronter des conditions plus longues et plus difficiles, à moins de dormir à l'hôtel tous les soirs.
Jour 4 l'UCI
Hier soir, pas faim, pas sommeil, le voisin grattait de la guitare péruvienne, alarme à 4 heure du matin que j'avais réactivé par mégarde... mal dormi.
Heureusement aujourd'hui l'étape est courte, je vais profiter d'une journée tranquille.
Les itinéraires vélos sont biens signalés, je suis l'Eurovélo 17 qui est la véloroute du Rhône. Je garde tout de même toujours un oeil sur mon Gps, le tracé que je me suis concocté ne colle pas toujours avec l'officiel, quoique en fond de vallée comme ici, il n'y a pas beaucoup d'alternatives.
Je roule sur les digues qui canalisent le Rhône. Le bassin versant du Rhône est immense et les niveaux d'eau peuvent ici être très importants, les digues protègent la vallée des inondations.

Le Rhône change de direction, il file plein Nord maintenant, direction le Lac Léman.
Passage obligé à l'UCI l'Union Cycliste Internationale.
L'UCI est l’association des fédérations nationales du cyclisme.
Elle a entre autres dans ses attributions l
’organisation des championnats du monde.Son siège est ici, le bâtiment abrite un superbe vélodrome, dommage qu'il n'y ait personne à l'entrainement pour faire un peu d'animation.
À l'extérieur il y a d'autres pistes dont ce magnifique pumptrack où un jeune ado en BMX et son père en skate s'amusent comme des fous !
J'hésite, j'en ferais bien le tour avec mon vélo, mais je dois rester raisonnable, ce n'est pas fait pour un VAE avec 20 kg de bagages, ce n'est pas le moment de casser quelque chose, il me reste du chemin avant d'arriver à la Méditerranée (!).
Comme à chaque fois, arrivé au camping, je lance la recharge de la batterie du vélo, il faut bien que je nourrisse ma fée Électricitie🧚♀️ !
Il y a aussi le smartphone, la Gopro, l'appareil photo, parfois le drone ... J'ai réfléchi aux petites faiblesses de ma fée Électricitie🧚♀️ ... j'avais remarqué que le capteur magnétique sur la roue arrière était décalé, j'ai donc déplacé l'aimant de rayon au bon endroit supposé. On verra demain si ce petit changement sera efficace.
Ce camping est situé au pied de la falaise, avec des sources en sous-bois extraordinaires. L'eau est cristalline, transparente, tellement que je n'arrive même pas à distinguer la surface.
À la nuit tombée je peux y observer de toutes petites crevettes et des larves de salamandres.
La soirée est douce, le ciel se dégage petit à petit, les nuages se parent des couleurs du soleil couchant.
Jour 5 Le lac Léman
Je traîne un peu ce matin. Quand enfin je suis prêt, ma clé antivol et mes lunettes ont disparu.
Mince, je les ai glissées hier soir dans une poche intérieure de la tente (!), aïe, et vu l'énergie que je mets pour la plier, dans quel état vais-je les retrouver ? Il me faut redéfaire la tente qui est trempée de rosée ... Mes lunettes ont juste un verre qui a sauté, incroyable la résistance de cette paire. J'ai réussi à le remettre en place sans rien casser ... Ce sont des
lunettes de vue solaire photochromatiques, sans elles, je serai vraiment handicapé.
Le beau temps semble être revenu pour de bon, quelques nuages s'accrochent encore à la montagne, je pars destination le Lac Léman, il est tout près.
Mais quelle beauté ce lac, je crois que c'est la première fois que je le vois.
Une mer d'eau douce, c'est à peine si je distingue l'autre rive. Avec ce soleil, ce ciel bleu, les couleurs sont magnifiées, éclatantes.
Le Rhône se jette dans le lac un peu plus loin, il va s'y reposer une dizaine d'année avant de repartir de plus belle vers la Méditerranée !
Je serais bien tenté par une petite croisière comme à chaque fois, mais les destinations ne sont pas les miennes.
Les Suisses ont gardé en service leurs anciens bateaux à aubes, ils sont superbes !
Je passe la frontière à St Guingolf, je n'ai rien à déclarer, j'ai mangé tout mon chocolat.
Ce côté du lac est abrupt, la montagne tombe directement dans la mer, les plages sont rares et petites, les ports miniatures, les villages à flanc de coteaux. Il n'y a qu'une route étroite et le trafic y est intense.
Une piste cyclable sur quelques kilomètres est la bienvenue pour rouler à l'abri ... elle monte et descend, ce n'est pas une piste de tout repos, mais avec ma fée Électricitie🧚♀️, pas de souci, et d'ailleurs mon problème semble avoir disparu, ma fée a retrouvé la pleine forme.
Je longe une ancienne voie ferrée tracée tout le long de cette côte, je m'étonne que les suisses aient pu abandonner une aussi belle voie ferrée ... mais que je suis bête, ici on est en France ! et en France, en dehors du réseau TGV, point de salut ...
Je m'offre des pauses au bord de l'eau, les paysages sont magnifiques.
J'arrive à la grande ville d'Evian bien connue pour son eau minérale. Je vais jusqu'à la source publique et j'y remplis ma gourde. Elle est bien fraîche et vraiment très bonne !
En centre ville je me laisse tenter par un petit restaurant de couscous ... c'est tellement plus facile que d'aller faire ses courses et chercher un endroit pour le pique nique, aucun regret, ce fut excellent !
L'après midi est chaude, le soleil implacable, casquette et crème solaire sont de rigueur.


À Excenevex, j'arrive au camping prévu dans mon topo. À l'accueil, l'hôtesse m'annonce 37,50€ ... ?! je lui demande si ce n'est pas une erreur, je suis seul, avec une petite tente et un vélo ... non c'est bien ça, et je "bénéficie" même du tarif moyenne saison (!). Je n'ai pas le courage de partir ailleurs, je prends, je n'ai jamais payé aussi cher, les tarifs habituellement sont de 10€ à 20€.
Le camping est immense, au trois quarts rempli de mobil-home, j'atterris sur un emplacement minable, je reviens à l'accueil, en demande un autre ... à peine mieux, j'abdique, je m'installe.
Peu de temps après le voisin du mobil-home d'à côté vient se garer au raz de ma tente alors qu'il a un espace immense pour cela, et la nuit venue, je suis éclairé par de puissants lampadaires de la rue voisine, qui éclairent ... devinez quoi ? ... des poubelles !! Il n'y a pas mieux comme symbole de notre société de consommation ...
Jour 6 Le CERN
Au matin je quitte ce camping avec plaisir ... une belle journée m'attend.
Je déambule dans les ruelles du village médiéval d'Yvoire, avec son château, ses portes fortifiées, ses belles maisons anciennes, et son petit port sur le Léman.
Direction Genève, la véloroute passe sur les hauteurs, au milieu des vignes.
Comme tous les jours, après quelques kilomètres, j'ai des douleurs à la base du cou, au niveau des omoplates. Je me mets des patchs anti-inflammatoires, je change de position, je conduis d'une main, puis l'autre ... mais rien n'y fait. Seuls les arrêts sont bénéfiques et me permettent de rouler à nouveau quelques temps sans souffrir.
Sûr que si j'avais pris mon vélo couché, je n'aurais pas ces soucis ... certes j'en aurais d'autres ... dans les côtes !
À l'approche de Genève, une belle piste cyclable longe le lac.
Une grande structure flottante ronde est dédié à la baignade et au farniente, et permet de se baigner à l'abri des vagues.
L'attraction touristique de Genève, c'est son jet d'eau ! il fait 140 mètres de haut et ses pompes engloutissent 1000 kw pour fonctionner (!).

Rencontre d'un couple de cyclo-voyageurs, partis de Lyon, aujourd'hui Genève, puis le Jura, Colmar, les Vosges et retour, très belle boucle avec du dénivelé, ils ont peu de bagages, ils ne font pas de camping.
C'est un peu plus loin que le Rhône reprend son cours après quelques années de léthargie.
Je file direction le CERN, le centre de recherche en physique fondamentale, c'est un sujet qui m'a toujours passionné.
Il me faut affronter la circulation, longer des autoroutes, passer des noeuds routiers ... Genève n'est pas un exemple de ville apaisée, traversée par des autoroutes urbaines, la circulation y est dense ... et pénible.
Sur mon itinéraire est indiqué un MacDo ... je m'y arrête pour souffler et me rafraîchir avec une glace, parce qu'aujourd'hui il fait chaud. Le fast-food est miniature et installé dans une station service, rien pour garer mon vélo, odeurs de gas-oil, bitume et béton ... l'endroit est un symbole de l'absurdité de notre mode de vie, comme les lampadaires des poubelles de l'autre soir.
Dans le jardin du CERN, une sculpture magnifique, une structure métallique symbole de l'infini, recouvert de formules mathématiques, de symboles, et des noms des grands physiciens qui ont oeuvré dans la recherche et la compréhension des lois physiques qui régissent notre monde.
Une exposition ludique permet de faire connaissance avec l'infiniment petit, comme l'infiniment grand, et présente les recherches faites ici au CERN avec l'accélérateur de particules, un anneau souterrain de 27 km de circonférence.
C'est passionnant, les lois physiques qui sont à l'oeuvre dans l'infiniment petit n'ont rien à voir avec les lois physiques auxquelles nous sommes soumis ...
Je repars ... je ne suis plus le même, mon être est soumis à la gravité alors que les particules qui le composent ne connaissent que intrications, quantifications, superpositions ... et autres effets tunnel ! Même le temps qui s'écoule me parait bizarre, vais-je tomber dans un trou noir ? Heureusement que j'ai une fée🧚♀️ avec moi pour me ramener à la réalité !
Le camping pratique ici aussi un tarif abusif de 31 CHF, même pas de piscine pour ce prix ... mais au moins c'est calme, du moins c'était ma première impression ... parce que apparement le camping n'est pas loin de l'aéroport.
Jour 7 Ça monte et ça descend
Enfin une bonne nuit, pas de bruit, pas de lumière ... que ça fait du bien ... jusqu'à 6h30, heure à laquelle je suis réveillé en sursaut par les avions qui passent juste au dessus du camping, j'ai l'impression qu'ils vont me tomber dessus tellement ils sont proches.
Cette étape est en grande partie sur des routes peu circulantes, mais vallonnées.
J'entame la deuxième partie de la descente du Rhône, l'eau coule inexorablement jusqu'à la mer, rien ne peut l'arrêter, moi non plus ... l
’eau coule, moi je roule !Il y a quelques portions boisées, avec un pourcentage de dénivelé conséquent ... ma fée Électricitie
🧚♀️ est bien réveillée et me permet de monter avec aisance.
"Le Rhône au service de la Nation" je doute qu'on lui ait demandé son avis, le fleuve n'est que de l'eau qui coule, alors que pour certains peuples comme les Maoris en Nouvelle-Zélande, les fleuves sont considérés comme des êtres vivants avec lesquels on fait corps, "Je suis la rivière et la rivière est moi".
La tribu n’est pas la propriétaire du fleuve mais son gardien, chargé de le protéger pour les générations actuelles et futures.
Il fait chaud aujourd'hui aussi, il n'y a pas d'air, une pause à l'ombre est indispensable pour un bon pique-nique revigorant.
Paysages depuis la route.
Ville de Seyssel
À l'heure de la sieste, le village est endormi.
En chemin, une surprise, la base de loisir de Motz avec un superbe vélodrome extérieur. Je ne suis pas vraiment équipé pour tenter de battre des records, ma fée Électricitie🧚♀️ refusant de m'aider au delà de 25 km/h, je prends tout de même du plaisir à tourner sur cet anneau !
Puis le camping de Serrières-en-Chautagne pour se poser le temps d'une soirée et reprendre des forces pour le lendemain.
En cette fin Août le camping est presque vide, mais depuis mon emplacement je peux entendre de la musique ... je ne m'inquiète pas plus que ça, surtout que ce voisin me prête spontanément une masse pour planter mes piquets, "il faut bien s'aider entre campeurs" ...
Plus tard dans la soirée, ce coin du camping semble tout de même animé, ça va, ça vient, ça parle fort, même très fort, c'est limite bagarre.
Je sors du camping pour trouver un peu de calme ... J'essai de lire quelques pages du livre de philo que je me suis emporté "La splendeur du monde, aller à la rencontre de la beauté", mais ce soir il y a une franche dichotomie entre la beauté de l'étang au crépuscule et l'ambiance toxique du camping tout proche ...😅
A 10h du soir alors que je m'apprête à me coucher, tous ces gens s'installent à côté, allument un barbecue, musique à fond ... un niveau de sans-gène que je n'aurais jamais imaginé !! je ne vois qu'une solution, fuir au fond du camping, je déménage dans le noir.
Forcément, j'ai du mal à trouver le sommeil, je profite au moins d'une magnifique nuit étoilée.
Jour 8 Entre les Alpes et le Jura
Ce matin c'est pliage express, je quitte ce camping ... libéré.
La sérénité revient petit à petit sur ces belles pistes cyclables.
Même un tunnel, la route d'autrefois est maintenant pour les vélos.
À l'approche de Belley, le Rhône coule dans des gorges étroites.
J'ai envie de faire une pause, j'hésite pour aller jusqu'à la ville dont le centre est indiqué à 2 km ... j'y vais, un couple d'allemands me suit. Il faut grimper et se battre avec la circulation et les semblants d'itinéraires vélos. La ville est asphyxiée par les voitures ...
Enfin un bar et sa petite terrasse, j'ai honte d'avoir emmener mes allemands jusque là (!).
Depuis mon passage en 2018, de nouveaux aménagement ont été construits permettant de rouler tranquille en pleine nature à l'écart du trafic routier.
Par endroit les abords du fleuve sont magnifiques.
Ces falaises au loin rappellent que c'est le fleuve qui a creusé sa vallée, à gauche ce sont les Alpes, à droite le massif du Jura.
Des inondations récentes ont par endroit défoncé complètement le bitume.
Heureusement que la hauteur est indiquée, les cyclistes doivent baisser la tête ou porter un bon casque (!).
La chaleur se maintient à un bon niveau, plus de 30° toutes les après-midi. Il faut rouler, faire marcher le ventilateur, boire ... et ce soir à l'arrivée au camping, je me siffle un Orangina d'un trait.
J'ai une grande place, au bord du Rhône, l'endroit est calme et aéré, je sens que cette fois-ci ce sera la joie du camping et pas le désespoir d'hier soir.
Je suis accueilli par des cygnes, c'est bon signe ...
La soirée est douce, le soleil disparaît derrière des nuages d'orages qui resteront inoffensifs.
Quelques canards animent le plan d'eau ...
Je profite d'une bonne nuit, ça fait du bien !
Jour 9 Lyon
Le matin, je suis bien ordonné. Je commence par plier tout l'intérieur de la tente, duvet, matelas, habits ... et quand la tente est vide, je passe au petit déjeuner. Ensuite je plie le matériel de cuisine, ne reste que la tente, en dernier ... et je pars !
Depuis la base de loisir de Serrières-de-Briord, où était mon camping, je retrouve une belle piste cyclable qui mène à Saut-Brénaz où je retrouve la ViaRhôna.
J'ai la surprise de découvrir une piste qui arbore des panneaux stop, de fin et début de voie verte, des potelets avec bandes blanches, et ceci tous les 100m ou presque ... mais il y a un bug parce que ces arrêts obligatoires ne correspondent à rien !
Un mot, qui n'existe pas, me vient à l'esprit pour qualifier cette absurdité :"gaguissime !!".
Il y en a bien une quinzaine sur 5 km, parfois il y a bien un chemin, mais sur la plupart, il n'y a rien.
C'est affligeant de voir l'incompétence de nos aménageurs en matière cyclable et l'argent dépensé ainsi en pure perte. Comment la chaîne de décision, d'installation, de vérification a pu laisser se faire une chose pareille ?
C'est pas tout, mais j'ai des kilomètres à faire ! Heureusement ici on a droit à 90 km/h.
La voie quitte le Rhône pour passer en campagne et traverser de jolis petits villages.
Une belle chapelle sur mon chemin, moderne et bien entretenue, d'ailleurs le responsable est de passage et me raconte l'histoire de cette chapelle.
À l'approche de Lyon, la route se transforme en chemin, avantage il est ombragé, inconvénient il est en stabilisé poussiéreux qui salit et encrasse la mécanique.
J'entre dans le parc de Miribel-Jonage, il est immense.
Passage en bordure de l'autoroute ... il fait chaud ! mais pourquoi fait-il si chaud ? Pourquoi ...
Lyon, de belles pistes cyclables le long des quais, j'erre dans la ville ... Il fait chaud, jusqu'à 35° aujourd'hui.
J'ai décidé de m'avancer avec le train jusqu'à Vienne ... il me faut faire une réservation spéciale vélo, pas le choix, je dois attendre un train en fin d'après-midi ... je verrai passer 3 trains avec un espace vélo vide !
J'arrive un peu tard à mon camping de Condrieu. C'est un camping labellisé "Accueil vélo", avec un grand barnum pour s'abriter, un frigidaire, four à micro-onde et bouilloire, espace libre pour s'installer, des tables un peu partout. À l'accueil, des prises électriques pour recharger tout notre bazar électronique, une piscine, et au bar une excellente bière !
Jour 10 Descente de la vallée du Rhône
Ce matin le temps est gris, c'est plutôt agréable pour rouler.
De mauvais esprits ont sévi ici aussi avec une intersection fantôme et des potelets bien au milieu de chaque bande cyclable. Ces aménagements sont des pièges dangereux, particulièrement la nuit, ou en groupe, les suivants ne voyant l'obstacle qu'au dernier moment ...
Imagine-t-on mettre des poteaux au milieu de la route ? non ... alors pourquoi fait-on ça sur les pistes cyclables ? L'absurdité est elle devenue la norme ?
En bordure du Rhône, un platane bien enraciné s'accroche à la berge de toutes ses forces pour ne pas se faire emporter par les crues.
Cette eau qui coule sans cesse est fascinante, c'est un mouvement que rien n'arrête.
Héraclite aurait dit "on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve", une métaphore pour dire que le monde est en perpétuel changement, aucun instant de notre vie n'est identique.
Le Rhône tout le long de son parcours est parsemé de ponts suspendus, je leur trouve beaucoup de charmes avec leurs courbes qui ondulent au-dessus des eaux.
J'aime bien rouler et la ViaRhôna s'y prête bien avec ces grands espaces.
Le casse-croûte du midi ressemble à cela: du pain, une salade de pâtes à laquelle je rajoute une tomate, un yaourt et du fromage. J'évite tout ce qui résiste mal à la chaleur, j'achète au jour le jour.
Les anciens ponts suspendus sont souvent réservés pour les piétons et les cyclistes.
L'entrée dans Valence se fait sur une belle passerelle au-dessus de l'autoroute ... il fait chaud ! mais pourquoi fait-il si chaud ? pourquoi ...
Les arches du pont des Lones sont recouvertes de graffitis, une occasion d'admirer les talents des artistes peintres d'aujourd'hui.
Un escalier pour monter plus haut, encore plus haut, jusqu'à la chute ... est-ce une allégorie de notre civilisation ?
Fin de cette journée au camping de Charme-sur-Rhône.
Je retrouve ici un cycliste déjà croisé précédemment, on discute mais impossible de se rappeler à quel endroit nous nous sommes déjà vus. Il est suisse et descend comme moi le Rhône jusqu'à la Méditerranée. Au restaurant du camping, c'est l'occasion de partager nos visions du voyage à vélo.
Sur cet emplacement, il y a une fourmilière, de grosses fourmis noires nonchalantes, je fais attention où je mets les pieds, le terrain est sec et aride, elles ramènent des graines des quelques plantes qu'il y a aux alentours. Les fourmis me fascinent, elles existent depuis plus de 100 millions d'années, 16000 espèces connues, et si on y prête attention, elles sont partout !
Jour 11 De Charme-sur-Rhône à Mondragon
Le pliage du matelas pneumatique est un exercice fastidieux (!). Il faut être méthodique, appliqué, patient ... et la récompense est au bout !
Avant de partir, je procède à quelques resserrages de "boulons", la béquille qui commençait à ballotter, la selle idem et l'étrier de frein avant qui faisait du bruit.
Je profite de la douceur matinale, le Rhône est d'huile, pas un souffle d'air ... alors qu'ici le mistral souffle souvent en tempête !
Alternance de pistes en bord de fleuve et d'autres boisées.
La pause café du matin au bar du coin ... mais il n'y a pas de croissant, c'est lundi, les boulangeries sont fermées.
Le pont de la Voulte-sur-Rhône.
Le village de Baix.
Oui, cette énergie est propre, silencieuse, non polluante, gratuite ... dois-je préciser que je parlais des éoliennes ?
Et voici la passerelle de Rochemaure, une double passerelle himalayenne à 3 piliers, magnifique, ça c'est du pont suspendu !
Le défilé de Donzère est l'occasion de faire une pose, de regarder les trains passer sur l'autre rive et les bateaux de croisière qui descendent sur Avignon.
Je regarde l'eau qui s'écoule doucement, imprimant des ondulations aux algues.
Le fleuve est aussi une métaphore du temps qui passe. Léonard de Vinci philosophait en disant : "L'eau que tu touches est la dernière de celle qui est partie et la première de celle qui arrive, tel est le présent".
Je retrouve un peu plus loin mon ami suisse, nous faisons un bout de chemin ensemble, jusqu'au camping de Mondragon. Nous sommes relégués tout au fond sur la hauteur où il est difficile de trouver une surface plane pour nos petites tentes.
L'eau des douches est brulante, heureusement qu'il y a une piscine pour se rafraîchir.
La soirée, attablés au restaurant du camping, nous permet de faire mieux connaissance.
Jour 12 De Mondragon à St Rémy-de-Provence
Au matin, je remarque en pliant la tente que la toile est couverte de petits points noirs qui bougent ... des fourmis miniatures ! Cela me désole, comment faire pour épargner ces bestioles qui ne demandent qu'à vivre, et puis ici, elles sont chez elles, c'est moi l'intrus. je secoue vivement ma toile, c'est tout ce que je peux faire.
La ville de Mondragon doit son nom à une histoire, une légende ... celle du dragon, le Drac qui vivait dans les eaux du Rhône, symbole du mal ... qui dévorait les vierges et rançonnait les gens ... de nos jours ces "dragons" existent toujours ...
Nous sommes ici au pays des platanes !
Le château de l'Hers, sur un promontoire rocheux en bordure du Rhône, une position stratégique autrefois.
Les bords du Rhône sont ici un peu plus sauvages.
Une belle passerelle permet de passer un bras du Rhône et d'accéder à l'île de la Barthelasse.
Suivant les régions traversées, les aménagements diffèrent. Ici ce sont des barrières discrètes qui se confondent avec l'environnement, j'ai bien failli m'en prendre une ...
Avignon, la cité des Papes, une grande ville fortifiée, célèbre pour le pont d'Avignon et sa chanson enfantine ... nous avons en France un sacré patrimoine tout de même !
J'ai faim, je rentre par la première porte, il y a quelques restaurants ... et qui vient à ma rencontre ? mon ami Nicolas, et l'on se retrouve à table pour partager nos idées sur la poursuite de ce voyage.
J'erre dans Avignon, c'est un vrai labyrinthe, pour enfin arriver à ce fameux Palais des Papes.
Je file direction St Rémy-de-Provence, je traverse la "banlieue" d'Avignon, dont un quartier pauvre qui ressemble à un bidonville.
Je traverse la Durance sur un pont, obligé de monter sur le petit trottoir pour plus de sécurité ... pas de ViaRhôna ici, ni de pistes cyclables pour les locaux, c'est bagnole ou rien.
À l'approche de St Rémy, et bien si, une belle piste cyclable sur une ancienne voie ferrée !
Je m'installe au camping, les orages ne sont pas loin, ils se rapprochent ... je vais me réfugier au bar, éclairs et tonnerres à casser les tympans ... et pas une goutte d'eau.
Ce n'est pas plus mal ... mais pour demain les prévisions sont vraiment pessimistes.
Du coup j'hésite pour cette fin de voyage, dois-je abandonner si près du but ?
Tant pis, je tente, je verrai bien, mais je vais assurer mes arrières avec une réservation d'une chambre d'hôtel à Salin-de-Giraud en Camargue.
Jour 13 Arles, la Camargue et la pluie
Ce 13 ème jour de voyage va t'il me porter malchance ?
En tout cas de bon matin les radars de pluie indiquent des orages sur la côte et qui remontent ... je ne prends pas de risque, et à la lumière de ma frontale je plie et je vais me mettre à l'abri du côté des sanitaires.
Je peux y prendre mon petit déjeuner sans crainte de la pluie ... qui ne viendra pas.
Ici les fourmis sont petites, et il y en a de partout. Elles sont particulièrement efficaces, ma poubelle a été envahie en quelques minutes, même les soldats sont venus à la rescousse !
Je reprends la route à l'heure de pointe, et comme ici tout le monde prend sa voiture, et bien c'est pas la joie pour les rares cyclistes.
Pas sûr que Marcel Pagnol reconnaisse son pays s'il revenait ...
Le mausolée de Glanum, un monument à la gloire d'un gaulois devenu citoyen romain après avoir servi dans l'armée de Jules César. Plus de 2000 ans se sont écoulés depuis, son état de conservation est incroyable et quelle chance qu'il ait traversé les siècles sans avoir été démoli.
À côté, l'arc de triomphe de Glanum qui marquait l'entrée de la cité antique, un monument à la gloire ... du vélo !!
J'avais l'intention de passer par les Beaux, un village médiéval sur les hauteurs, mais j'ai fait confiance à mon instinct, attiré irrésistiblement par ces monuments de Glanum ...
Je grimpe gentiment sur les Alpilles, et si la bande cyclable existe, elle disparait quand on en a le plus besoin ...
Arrivé au col, point de village des Beaux à l'horizon ... je comprends que mon instinct m'a fait défaut (!). Ce sera pour une autre fois, le programme de la journée est chargé.
Un aqueduc passe au dessus de la route, c'est magique de voir cette eau qui coule dans ces zones quasi désertiques.
Je fais un arrêt exprès pour voir l'aqueduc romain de Barbegal ... je reprends vite la route, l'endroit est infesté de moustiques.
Je retrouve le Rhône à Arles ... j'adore cette ville, elle est belle, vivante, riche d'un passé deux fois millénaire, elle semble agréable à vivre.
Hum ... ces nuages gris à l'horizon ne me disent rien qui vaille.
Non loin des arènes, la devanture d'une boulangerie arabe est appétissante avec quantités de pâtisseries orientales ... je me laisse tenter, c'est un délice.
Les habitants mettent un point d'honneur à fleurir leurs devants de porte. La nature embellit et rafraîchit les ruelles de la vieille ville.
Je ne m'attarde pas, il me reste des kilomètres à faire et les orages sont annoncés pour la fin de l'après-midi.
C'est dans ce vaste delta, la Camargue, que le Rhône vient finir sa course qu'il a entamé au glacier, là haut au centre des Alpes Suisses ...
Le Vaccarès, un lac immense d'eau saumâtre au centre de la Camargue.
Ces zones marécageuse abritent ces oiseaux emblématiques que sont les flamants roses.
Je n'avais pas vu que les orages approchaient, les rideaux de pluies sont maintenant bien distincts.

Cette petite chapelle est trop belle, je m'arrête quand même pour la photographier.
J'en profite pour mettre à l'abri smartphone et compagnie ... et j'enfile ma tenue de cosmonaute, les premières gouttes commencent à tomber.
Je ne suis plus très loin mais c'est trop tard, l'orage est là, de face, je ne vois plus grand chose, les gouttes fouettent mon visage.
Je m'encourage en me disant que je ne suis pas en sucre, que je ne risque pas de fondre (!) ... et surtout que cela pourrait être bien pire à la vue du rideau de pluie opaque qui passe non loin de là.
À Salin-de-Giraud, il me faut trouver mon hôtel, pas question de sortir le smartphone, je tente l'Office de Tourisme, je n'ose même pas rentrer de peur d'inonder la pièce (!), je demande les renseignements par la porte entrouverte ... la route est une rivière, je trouve refuge sous l'abri de la terrasse de mon hôtel, ce n'est que cascades d'eau qui dégoulinent de partout ...
En soirée, qui donc je retrouve dans la salle du restaurant ? mon ami Nicolas ... la météo l'a empêché de poursuivre son projet du jour ! Le monde est petit ...
L'hôtel dégage une bonne ambiance familiale, le bâtiment est un peu ancien et très bien restauré, et le cuisinier fait de la cuisine maison excellente, une belle surprise, une façon pour moi de fêter la fin de ce voyage, et cette fois-ci en bonne compagnie.
Jour 14 La mer
Ce matin on se quitte, lui part vers les Saintes-Maries-de-la-Mer, et moi vers Port-Saint-Louis ... avec un petit pincement au coeur, cela fait tellement de bien de rencontrer ainsi quelqu'un avec qui on partage les mêmes idées et passions.
Mon voyage est presque terminé, il me faut aller jusqu'à la mer, suivre le Rhône jusqu'au bout du bout. La mer n'est plus très loin, quelques kilomètres seulement.
Je dois traverser le Rhône, il n'y a pas de pont, le fleuve ici est immense, c'est un bac qui assure le service. Ça tombe bien, j'aime finir mes voyages par une croisière (!) celle-ci sera courte, à peine cinq à dix minutes.
La perturbation d'hier à nettoyé le ciel, l'atmosphère est pure et les couleurs magnifiques.
La zone est marécageuse, la route mène à la plage Napoléon.
Je pousse mon vélo dans le sable jusqu'à la mer pour la photo finish !
Le Rhône se jette dans la mer là bas, au bout de la plage, je l'aurais suivi depuis sa naissance tout là-haut, quelques gouttes suintant sur la glace, puis torrent impétueux, devenu Lac Léman, fleuve imposant jusqu'ici ... son eau va s'évaporer, remonter sur le continent avec la pluie et la neige, le cycle va continuer des millions d'années ...
Je repars ... c'est fini.
Le but du voyage est atteint, la motivation s'évapore, je n'ai plus la même énergie pour pédaler.
Et puis je croise deux randonneuses que j'avais doublées il y a quelques jours, elles ne passent pas inaperçues, cette fois-ci je m'arrête pour faire leur connaissance.
Marie et Caroline roulent avec et pour une association
LaNiaque qui soutient et accompagne les gens après leur maladie pour un retour à la vie normale. Marie a été victime d'un cancer du sein et Caro est nourrie par une sonde depuis quinze ans. Elles font la ViaRhôna en VAE et en profitent pour faire connaître cette association. Elles ont un sourire et une pêche communicative, elles sont incroyables !
Mon petit coup de blues me parait tellement ridicule, d'ailleurs il s'est envolé, elles m'ont rappelé que chaque instant de la vie mérite d'être vécu pleinement !
Le compteur kilométrique s'incrémente, 998, 999 ... 1000 km depuis mon départ !!
Merci à ma fée Électricitie🧚♀️ pour ses multiples coup de main (sur les pédales ...) qui m'auront permis de doser mes efforts tout au long de cette randonnée.
Jour 15 cela fait une éternité que je suis parti ...
Il est temps que je rentre !
J'ai rempli mon sac de souvenirs, j'ai fait le plein de photos et de vidéos, de quoi m'occuper cet hiver devant l'ordinateur, pour me rappeler que j'ai vécu tout cela.
J'ai besoin de souvenirs, parce qu'en fait le présent n’existe pas, il est infiniment court, jamais on ne peut vivre le présent, il est déjà passé. Le futur existe mais il est invisible, seul le passé a une existence, c’est pourquoi il faut le garder, le mémoriser, sinon nous vivons tel des aveugles … regarder son passé c’est regarder un avenir possible, indispensable pour nous guider vers le futur.
Dernière nuit à l'hôtel, au 2eme étage d'un immeuble de béton ... oh une fourmi, j'ai dû en ramener une avec moi dans les bagages ... en fait une éclaireuse en recherche de nourriture (!), au matin ma petite poubelle était noire de fourmis ... partout, elles sont partout ! mais pas bien méchantes ...
Le retour est bien plus facile que l'aller avec un TER Arles-Lyon et un InterCités pour Lyon-Paris.
Il va me falloir attendre l'année prochaine pour repartir, je n'ai pas encore d'idées précises, ça tombe bien je vais pouvoir faire marcher l'imagination et la machine à projets !
Ce voyage s'est déroulé du vendredi 23 Août au vendredi 6 septembre 2024.
Voici
l'itinéraire que j'avais fait avec Brouter. Ce trajet est relativement facile, et en partie bien balisé.
bonjour le Voyageur!
RépondreSupprimercomme dab..bien écrit
on s'y croit!
R.
Merci René ! J'ai essayé de retraduire l'ambiance du voyage que j'ai vécu, c'est un bon exercice de rédaction (!) Jack
SupprimerMagnifique. La photo du premier camping fait rêver et dès lors on te suit avec envie et/ou admiration. Et les rencontres sont émouvantes. A la Voulte un jour de marché tu aurais pu goûter au miel de notre fille Florie. Très bon pour l'effort.
RépondreSupprimerMerci Michel ! J'avoue que ce premier soir j'étais euphorique d'avoir réussi à prendre tous ces trains et me retrouver là au milieu des Alpes Suisses, ces couleurs, cette ambiance ... et cela a continué le lendemain ... certes, certaines étapes sont plus banales, mais retranscrire ainsi par écrit et en image m'a permis de toutes les mettre en valeur, toutes différentes, d'ailleurs je tiens à jour un journal pour me souvenir ... La Voulte, sûr que je lui aurais acheté un pot de miel pour refaire le plein d'énergie !
SupprimerMerci et bravo Jack! Ton ami suisse Nicolas qui a beaucoup apprécié les moments partagés😀👍
RépondreSupprimerMerci Nicolas, j'ai été très heureux de te rencontrer durant ce voyage, je te souhaite de belles balades à vélo !
SupprimerC'est toujours un plaisir de suivre vos péripéties et de vous lire. Quel courage pour se lancer dans une pareille aventure. Peut-être qu'un jour votre voyage vous mènera dans l'Est pour un tour d'Alsace. La fée Electricitie sera d'une grande aide pour faire le tour des petits villages perchés à flans de collines.
RépondreSupprimerBruno.
Merci Bruno pour votre message ! C'est vrai je ne connais pas l"Est de la France, à part les quais B et D de la gare de Strasbourg 😅, il va falloir changer cela, surtout que c'est une belle région, et je suivrai votre conseil de ne pas laisser pas ma fée Electricitie à la maison, maintenant dès que c'est vallonné, j'ai besoin d'un peu d'aide ! Pour faire un voyage comme celui là, non ce n'est pas très dur, juste bien l'organiser à l'avance, et puis après ça roule tout seul ! Jack
SupprimerBravo, bien rédigé. Nous avons fait la Via Rhona y a 1 mois de Givors à Séte, c était notre 1er périple, nous avons adoré. En effet, les potelets au milieu des bandes cyclables sont très dangereux même le jour, notre cousine a chuté, s est fracturée l auriculaire et le bassin!!! Quand au retour en train, Sète/Avignon, impeccable par contre à Avignon, nous n avons pas pu prendre notre train qui était réservé jusqu'à Lyon, plus de place pour les vélos, nous en avons eu un qui allait seulement à Valence!! Nadine
RépondreSupprimerMerci pour votre message, on aurait pu se rencontrer (!). Pour les trains, la Sncf ne sait pas gérer les affluences, et maintenant ce sont les Régions qui gèrent les TER avec plus ou moins de bonne volonté pour les vélos ... et ne pas pouvoir prendre son train, c'est plus que râlant (!). Pour les aménagements cyclables "débiles", vous me confirmer la dangerosité de ces potelets et barrières, en nombre et n'importe où, avec des conséquences graves ... je souhaite à votre cousine de retrouver la forme et de garder confiance dans le vélo. Si vous voulez avoir une belle expérience du voyage à vélo, je peux vous soufflez comme destination les Pays-Bas ... là-bas c'est le paradis des cyclistes, les potelets n'y existent pas. Amicalement, Jack
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