Voyager en VAE le Vélo à Assistance Électrique

Difficile de ne pas être tenté de partir avec un VAE. L’Homme a toujours été partisan du moindre effort 😃 et gourmand de nouvelles technologies, cette évolution du vélocipède répond très bien à ses aspirations.

Mais pour ceux qui ont pédalé des milliers de kilomètres, grimpé des dizaines voire des centaines de cols, traversé tant de pays, monter sur un VAE pourra leur sembler être un renoncement, une perte de l’âme du voyage, une bascule dans la facilité... peut-être...

Pour beaucoup, partir avec un VAE sera, enfin, arrêter de souffrir dans les côtes, suivre sans difficulté ses compagnons de voyage, pouvoir mettre de coté son âge qui commence à peser, effacer un petit handicap ou quelques douleurs à l’effort … enfin pouvoir profiter de ce bonheur qu’est le voyage à vélo.

Voyager en VAE

Les avantages du VAE 👍

_ Monter les côtes sans effort, sans forcer de trop. C’est sûrement le plus important des avantages du VAE.

_ Affronter les vents contraires sourire aux lèvres. Que ce soit en bord de mer ou sur des routes bien dégagées, le vent est un ennemi sournois qui mine le moral du cycliste…

_ Supprimer le stress du voyage à vélo. Avec un vélo classique et sans entraînement, on a peur de devoir abandonner dès le premier jour, ou de na pas pouvoir suivre ses compagnons.

_ Combler les écarts de niveaux, en couple, en groupe.

_ Effacer un handicap : pour moi c'est une petite insuffisance cardiaque qui m'interdit de trop grands efforts. Pas question de gravir un col... mais en VAE cela m'est redevenu possible !! À moi la montagne !

_ Plus confortable, en fonction du type de vélo. Les VAE du commerce sont équipés de gros pneus, de suspensions de fourche, de selles conforts, parfois de suspensions de selle. Ce sont des vélos d’une grande stabilité.

Voyager en VAE monter les côtes

Les inconvénients du VAE 👎

Ces inconvénients vont réduire un peu la liberté du cycliste puisqu’il va être soumis à quelques contraintes inévitables, l’autonomie et l’obligation de la recharge de la batterie.

_ L’autonomie, en voyage ce sera le critère le plus important. Elle sera fonction du poids total vélo + cycliste et de la capacité de la batterie… et quantité d’autres facteurs.

_ La recharge de la batterie : on devient dépendant de l’électricité avec l'obligation de trouver une prise au bout de l’étape.

_ Le poids du vélo : un VAE est lourd, 25kg en moyenne, souvent plus. Cela réduit sa maniabilité, principalement lorsqu’il faut prendre le train.

_ Sécurité : un VAE suscite la convoitise, il faudra être prudent et bien s’équiper en antivols. À savoir que certains ont des GPS intégrés, ainsi que des compteurs amovibles qu’il sera aisé d’enlever lorsque l’on s’éloigne de sa monture.

_ Un coût plus élevé lors de l’achat.

_ Un objet technologique voué à l’obsolescence : principalement à cause de la batterie dont la durée de vie est fonction du nombre de recharge, de l’ordre de 5 à 600 recharges, ce qui assure tout de même plus de 10 ans d'utilisation régulières.

_ Pas de voyage en avion : les batteries ne sont pas autorisées en avion à cause du risque d'incendie, très rare, mais réel.

La motorisation 🚙

Il existe principalement deux types de motorisation, le moteur au niveau du pédalier et le moteur roue (avant ou arrière).

Moteur roue

C’est le plus simple, son principal inconvénient sera une autonomie limitée, environ 70km pour une batterie de 500W.

Il fonctionne en tout ou rien. Un détecteur de pédalage au niveau du pédalier commande la fonction moteur. Il suffit de tourner les pédales, même dans le vide, pour avoir une assistance proportionnelle au niveau de puissance choisie.

Image origine SpeedFun

Il existe deux types de moteur:

  1. le moteur réducté : il possède une roue libre en interne, et fournit un couple élevé.
  2. le moteur direct drive : de conception mécanique simple, il permet la régénération et le freinage électromagnétique, mais il oppose une légère résistance au roulage hors fonctionnement.

La régénération est délicate à gérer et peu compatible avec une bonne durée de vie de la batterie.

Moteur pédalier

Ce type de motorisation permet d’avoir une très bonne autonomie, de l’ordre de 120km pour 500W de batterie.

Le fonctionnement est basé sur un capteur de couple sur le pédalier qui mesure la force exercée sur les pédales par le cycliste et permet au moteur de fournir une puissance proportionnelle à celle du cycliste. Là est le secret de la très bonne autonomie de la motorisation sur pédalier.

À savoir que le couple se mesure en « nm » Newton mètre, c’est la force de rotation. Les moteurs actuels fournissent de 40 à 80 nm.

Fonctionnement du moteur pédalier

Il important de comprendre comment fonctionne ce type d’assistance.
Le moteur fournit une puissance proportionnelle à celle du cycliste.

Prenons un exemple avec le moteur Bosh ActiveLinePlus (version de 2022), qui propose quatre niveaux de puissance : ECO, TOUR, SPORT et TURBO. Ces niveaux ne correspondent pas à des niveaux de puissance électrique, mais à des pourcentages de la puissance du cycliste, respectivement de 40%, 100%, 180% et 270%.

Par exemple, si le cycliste fournit 100 watts musculaire :

  • en ECO le moteur fournira 40% de la puissance du cycliste, soit 40 watts supplémentaire, -> 140 watts au total.
  • en TOUR le moteur fournira 100% de la puissance du cycliste, soit 100 W supplémentaire, -> 200 W au total, dans ce mode, on multiplie par 2 la puissance du cycliste.
  • en SPORT le moteur fournira 180% de la puissance du cycliste, soit 180 W moteur supplémentaire, -> 290 W total, Avec 140 W cycliste, on atteint le maximum de 250 W* moteur.
  • en TURBO le moteur fournira 270% de la puissance du cycliste. Il suffit de 67 w cycliste pour atteindre les 250W* moteur.

Attention dans les modes SPORT et TURBO, le vélo est nerveux (!).
* 250w : La réglementation limite à 250w la puissance du moteur.

L’autonomie 🔄

Comment être sûr d’arriver au bout de son étape avec son VAE ?

La question se pose aussi pour un cycliste musculaire… Aura t’il assez d'énergie dans les jambes pour arriver à destination ? Pour le cycliste en VAE, ce sera plutôt « Aurai-je assez de batterie ? ».
Il est important d’avoir conscience de tous les éléments qui impactent l’autonomie, beaucoup de ces critères sont aussi applicables au vélo classique.

L’autonomie dépendra :

  • de la capacité de la batterie,
  • du poids total en charge et du dénivelé, ces deux critères sont étroitement liés,
  • de l’énergie que fournit le cycliste pour pédaler,
  • du niveau de puissance moteur utilisé,
  • de la résistance de l’air, le vent est un frein important à l’avancement,
  • du nombre de redémarrage, l’énergie se perd dans les accélérations,
  • du type de dérailleur : une chose à laquelle on ne pense pas, 
    • le moyeu NEXUS a un rendement de 91%, 
    • les moyeux ALFINE et Rohlof sont bien meilleurs, supérieurs à 96%,
    • le dérailleur classique étant le plus efficace avec 99%, quasi parfait.
  • de l’adhérence, avoir des pneus toujours bien gonflés,
  • l’éclairage d’un VAE consomme de 5 à 10 watts,
  • de la température, le froid diminue la capacité batterie de 10 à 20% en hiver.

Et donc ce n'est pas très facile d'estimer son autonomie réelle (!).

Voyager en VAE Le lac Léman

Calcul de son autonomie 📉

Deux façons d’appréhender son autonomie avant de partir :

1_ Par la pratique

Faire un itinéraire type sur une journée, distance - dénivelé, avec une charge fictive simulant le paquetage. À la fin évaluer le restant de batterie et l'état physique du cycliste.
Avec ce type de test simple, on saura si le voyage tel qu’imaginé est faisable.

J'ai fait ce test ... parti pour faire 100km et 1000m de dénivelé, je suis rentré après 70 km et 700m de dénivelé complètement épuisé !! Il me restait toujours de la batterie.

2_ Par un simulateur en ligne

Sur internet on trouve des simulateurs permettant d'estimer son autonomie en jouant avec nombre de paramètres, à voir sur le site de Bosh.

Lors de mon premier voyage en VAE, j'ai pu vérifier qu'avec ma batterie de 500W et avec un moteur pédalier Bosh, j'avais une autonomie en distance de 70 km à 100 km, et en dénivelé jusqu’à 1000-1200m.

La recharge batterie ⚡

La recharge de la batterie sera simple si vous fréquentez le soir les campings, tous ont maintenant des bornes électriques sur leurs emplacements. De même en chambre d’hôte ou en hôtel, pas de problème.

Les bornes de recharge

En bivouac, ce sera plus contraignant, mais, grâce aux nouvelles mobilités comme la voiture électrique, on voit fleurir un peu partout des bornes de recharge sur la voie publique, une aubaine pour le cycliste en VAE.

De même pour une étape longue ou avec beaucoup de dénivelé, il faudra compléter la charge batterie quelque part sur son parcours, la borne sera une solution.

Pour l’instant peu de bornes proposent le paiement par carte Bleue, il faudra penser à s’équiper d’une carte regroupant plusieurs marques de bornes, comme Chargemap.

La plupart des bornes proposent la prise électrique « domestique » où l’on pourra brancher son chargeur.

Voyager en VAE les bornes de recharge

À savoir qu’avec un chargeur de 4 ampères, on recharge 150 watts par heure. Chez Bosh, il existe un chargeur de 6 ampères, soit plus de 200 watts par heure.

Quel vélo à assistance électrique ? 🚲

Deux options : 

1_ L’achat d’un VAE, il y a du choix, toutes les marques en proposent, on regardera les vélos :

  • sur lesquels on se sent bien, 
  • équipés d’un bon porte bagage, 
  • avec au moins une fixation pour un porte gourde.

Le moindre petit défaut de position risque d’être gênant après quelques jours de randonnées, il faut rester vigilant sur ce point. 

  • Un vélo avec une potence réglable est un vrai plus, on peut ainsi régler la hauteur du guidon et la position des poignées (si le guidon est courbe).
  • La motorisation pédalier sera à privilégier pour ses nombreuses qualités dont l’autonomie.
  • Un cadre ouvert sera bien plus facile à enfourcher qu'un cadre classique.
  • Freins à disques, diamètres de 160 mm, ou mieux de 180mm.
  • Les freins hydrauliques ont un "touché" très agréable, à câbles ils seront plus faciles à réparer si besoin.

Le poids d'un VAE n'est pas un critère déterminant puisque justement le vélo est motorisé, alors quelques kg de plus ou de moins n'a pas vraiment d'importance ... sauf tout de même dans les gares quand il faut monter ou descendre un escalier (!).

La selle est facilement remplaçable pour un modèle plus confortable que celle d'origine. Les modèles en gel apportent un élément de confort supplémentaire. Je recommanderais d'y rajouter une tige de selle suspendue qui permet de diminuer fortement les à-coups sur la colonne vertébrale, l'idéal pour tous ceux qui sont sensible du dos ... quasiment tout le monde (!).

Voyager en VAE sur la ViaRhôna

2_ Transformer son vélo en VAE

Transformer son vélo en un VAE, pourquoi pas ?

Dans les inconvénients d’une telle transformation, on peut citer la fragilité du vélo qui n’est pas prévu pour ce mode de fonctionnement. Ce vélo étant destiné à voyager, il sera soumis à des contraintes supérieures à cause du poids des bagages et de la motorisation. Le vélo va s’alourdir de 5 à 8kg.

Dans les avantages, bien sûr un coût inférieur et une bien meilleure connaissance de sa machine par le cycliste. On trouvera sur le web marchand des kits complets, comme de nombreux tutos et forums sur ces sujets. On peut citer comme marques Ozo, B-Volt, Cycloboost, Skylo, Annad … On peut faire réaliser le montage dans un de leurs ateliers.

Le vélo solaire 🌤

Ce type de vélo répond bien au désir d’indépendance et d’autonomie. Le bivouac redevient possible et les soucis de la recharge de la batterie disparaissent … enfin presque puisque l’énergie venant du ciel, les nuages seront les nouveaux soucis (!).

Image origine Sun Trip

Le grand voyageur pourra envisager de traverser des zones où la prise électrique n’existe pas et de rester autonome en énergie tout le long de son voyage.

Par contre le vélo solaire n’existe pas encore dans le catalogue des constructeurs, il reste l’apanage des « géo trouvetou » !

La conception d’un vélo solaire peut se faire de différentes façons suivant le type de monture choisi. Pour cela il sera bon de s’inspirer des réalisations existantes comme celles de l’Association SunTrip, on trouvera de nombreuses vidéos sur ce sujet.

Partir 🚴

Ne reste plus qu'à préparer ses sacoches, une destination et partir ... n'oubliez pas votre chargeur !!

Sur ce blog, le récit de mon premier voyage avec un VAE La traversée du Massif-Central.

Voyager en VAE


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